À l’occasion du 50eme anniversaire de mai 68, la Fondation Jean-Jaurès avait organisé une très intéressante rencontre autour d’Henri Weber qui dirigeait alors avec Alain Krivine et Daniel Bensaïd, la JCR (Jeunesse Communiste Révolutionnaire), la branche la plus attirante du trotskisme français.
Après quinze ans d’activisme au sein des organisations d’extrême gauche, constatant l’impossibilité du grand soir, Henri Weber adhéra au Parti Socialiste, devint sénateur de Seine Maritime puis député européen.
J’ai connu Henri au bureau national du PS où sa culture, son expérience inégalée et son humour lui conféraient une stature de sage un peu distancié, toujours respecté.
En lisant son dernier ouvrage « Rebelle jeunesse » qui vient de sortir chez Robert Laffont, j’ai passé un moment passionnant, souvent émouvant, qui me rappelait certains moments de ma propre histoire et de celle de Marie.
Henri Weber est né à Leninabad (aujourd’hui Khodjent, au Tadjikistan) dans une famille d’origine polonaise voulant échapper à la Shoah puis aux persécutions de Staline.
Arrivé en France, c’est d’abord au sein du scoutisme juif d’inspiration socialiste qu’il se forme à l’organisation et à un certain messianisme qu’il cultivera plus tard contre la guerre au Vietnam et pendant les événements de mai 68.
Tout à la fois grand maître à penser au sein de la famille trotskiste et grand manitou du service d’ordre de la future Ligue Communiste Révolutionnaire, Henri est resté à l’image de Mai 68, hédoniste, romantique…et démocratique.
Docteur en philosophie et en sciences politiques, tournant le dos au stalinisme et au sectarisme gauchiste, il devait finir social-démocrate.
Une chance pour lui et pour la France.
Quel beau parcours et quel personnage attachant !