J’ai participé, samedi soir, au 2ème Festival de géopolitique organisé à Grenoble par l’Ecole supérieure de commerce, l’association Anteios et les Presses universitaires de France. Tenir dans notre ville un festival de géopolitique s’imposait sans doute comme une évidence car c’est en s’ouvrant directement à l’Europe et au monde que Grenoble est devenue la ville qu’elle est aujourd’hui, cosmopolite et multiculturelle.
En tant que parlementaire et Vice-président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, j’ai accordé un intérêt tout particulier, dans mon intervention, au thème de ces rencontres : « Vive la France quand même ». S’il peut m’arriver de conclure mes discours par « Vive la France !», ce « quand même » m’a interpellé. Il est vrai qu’il résume l’état d’esprit de tous ceux qui regardent au-delà de nos frontières et qui voient que nous n’évoluons pas aussi vite qu’il est réclamé dans les dîners en ville, mais aussi, il faut être honnête, dans des think thank et cercles de réflexions de toutes orientations idéologiques.
Contester le déclin au moins relatif de la France constituerait un déni du réel. Ne pas voir en face les peurs d’un pays qui doute de son avenir – et pire de son identité – ne nous permettrait ni de le comprendre ni de lui donner toutes ses chances. De surcroît la crise est là, qui risque de balayer le monde dans lequel nous vivions plus ou moins confortablement sans qu’on sache encore par quoi il sera remplacé. Autant dire que l’actualité a singulièrement accru l’intérêt de ces rencontres !
La France a peur, la France se cherche, elle appelle de ses vœux de nouvelles politiques publiques et sans doute aussi de nouveaux comportements de la société civile. L’endettement public interdisant la promotion de solutions faciles, la France – et c’est tant mieux – devra faire preuve d’imagination.
La première piste, pour moi, c’est évidemment la nécessité d’accroître le niveau de formation et donc d’employabilité de nos concitoyens. La matière grise sera la matière première du XXIème siècle. Alors que la France se situe dans une honnête moyenne jusqu’au baccalauréat, elle souffre d’un grand déficit de diplômés de l’enseignement supérieur et surtout de diplômés adaptés aux emplois de demain. Je vous l’annonce : la géopolitique sera de plus en plus l’étude du déclin français si nous ne corrigeons pas très vite le tir dans ce domaine. Les moyens dévolus à l’enseignement supérieur ne correspondent pas à ses besoins.
La deuxième piste, en quelques mots c’est l’équité qui devra être dans les années qui viennent un facteur de croissance économique. Les pays où l’ascenseur social fonctionne – comme les pays scandinaves –obtiennent de meilleurs résultats que les pays à plus faible mobilité d’une génération à une autre, comme c’est depuis trop longtemps le cas de la France, indépendamment d’ailleurs des étiquettes politiques de ses gouvernants. L’Europe comme les Etats-Unis ont prouvé durant les Trente glorieuses que la réduction des inégalités servait la croissance économique. Il nous reste donc, pour assurer la place de la France dans la mondialisation – et sans doute plus largement celle de l’Europe – à inventer un nouveau modèle qui sera à la fois inspiré des mêmes valeurs et adapté au XXIème siècle. C’est ainsi, et c’est seulement ainsi, que nous pourrons échapper à la sinistrose et au déclin, et nous débarrasser de ce « quand même » qui nous rappelle l’ampleur de la tâche à accomplir.