Accueilli et guidé à Kinshasa par l’Ambassadeur, le directeur de l’Institut Français et le directeur de l’AFD, j’ai passé deux jours passionnants, multipliant les rencontres et nouant d’utiles relations.
La République démocratique du Congo dispose désormais d’une École Nationale d’Administration qui a été initiée et accompagnée par Philippe Larrieu, chef du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) et directeur de l’Institut Français, et Jean-Christophe Maurin, directeur de l’AFD en RDC. Une mission d’assistance a également été confiée à Jean-Jacques Gleizal, adjoint à la culture et aux relations internationales de la Ville de Grenoble pendant mes deux premiers mandats.
Inspirée du modèle français, cette ENA permet une double formation, initiale et continue. J’ai rencontré les élèves de la 3ème promotion, actuellement en cours de scolarité, issus d’une sélection relevée (100 reçus sur 4.800 candidats !). Nos échanges ont été empreints de reconnaissance et d’estime réciproques. Ils étaient fiers d’avoir intégré cette École prestigieuse et manifestaient qu’ils avaient pleine conscience de leur chance de se préparer à servir leur pays au plus haut niveau.
La France est en train de remporter un deuxième succès avec l’installation à Kinshasa d’une École Nationale de la Magistrature, inspirée elle-aussi du modèle français. Une rencontre avec Alexis Thambwe Mwamba, ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Droits Humains, avait été opportunément organisée. Ce fut l’occasion de voir, du bureau du ministre, le bâtiment dédié à l’ENM en cours de construction.
J’ai, par ailleurs, profité de l’audience pour revenir sur le douloureux dossier des enfants congolais adoptés par des familles françaises et qui n’avaient pas été autorisés à quitter le territoire de la RDC. La plupart des cas ont été heureusement réglés. Les derniers dossiers sont en cours d’instruction. J’ai plaidé, une nouvelle fois, pour des solutions humaines et rapides qui soient dictées par le souci du meilleur avenir possible pour ces enfants.
L’inauguration de la 3ème semaine française de Kinshasa s’est déroulée sous la présidence du Premier Ministre congolais, Augustin Matata, en présence de l’ambassadeur de France à Kinshasa, de nombreux ministres, parlementaires, ambassadeurs et chefs d’entreprises.
Cette 3ème édition a remporté un vif succès, aussi bien par le nombre élevé de stands d’exposition que par la qualité des forums organisés par les autorités françaises, ou que par l’animation culturelle avec, par exemple, d’agréables concerts de jazz en soirée.
Grand témoin du forum sur les politiques urbaines, j’ai plaidé pour des villes au développement bien maîtrisé.
Avec un taux de fécondité de 3 %, la RDC connaît un problème démographique majeur. Soumise à une urbanisation très forte, Kinshasa pourrait, au rythme actuel, atteindre 20 millions d’habitants dans les 10 ans !
J’ai souligné la nécessité de concevoir des villes durables, à taille humaine et dotées d’infrastructures conséquentes concernant l’eau, l’assainissement, l’énergie, les déplacements, évoquant au passage les déboires rencontrés par nombre de mégapoles dans le monde entier.
Pour Kinshasa, le montant des investissements indispensables à son aménagement dans les 15 ans à venir, s’élève à près de 5 milliards de dollars US, soit plus de 300 millions par an, alors que la ville peine à mobiliser plus de 40 millions par an. On reste bien loin du compte et le concours de financements extérieurs, privés comme internationaux, se révèle une nécessité vitale.
Monsieur et madame Rémy sont des hôtes particulièrement attentionnés. Accueilli à la résidence française dans des conditions merveilleuses, j’ai partagé la table de notre ambassadeur, à l’occasion de deux déjeuners de travail, le premier avec les journalistes de France 14, RFI et Jeune Afrique venus couvrir la semaine française à Kinshasa, le second consacré à l’avenir du lycée français de Kinshasa.
Au total, ces deux journées plutôt denses, intelligemment concoctées par Jean-Christophe Maurin et Philippe Larrieu, m’ont permis de progresser dans la connaissance de ce pays attachant, en dépit des terribles difficultés économiques, sociales, environnementales et politiques qu’il rencontre.
On peut évidemment détourner son regard de tout cela, en décrétant que la tâche est désespérée. On peut aussi se dire que ce pays, aux richesses naturelles exceptionnelles, ne mérite pas de laisser sa population dans cet état de pauvreté et de conflits internes et régionaux souvent très meurtriers.
Personnellement, à mon modeste niveau, j’ai opté pour offrir à la RDC un peu plus de solidarité et surtout beaucoup plus d’espérance.