Dans le cadre de la Commission des Affaires Étrangères, j’ai récemment participé à la présentation du rapport de la mission d’information sur le Liban par son président Axel Poniatowski et son rapporteur Benoît Hamon. Cette mission d’information s’est interrogée sur la complexité de la situation interne du Liban, un État situé au cœur d’un Moyen-Orient en ébullition. S’est aussi posée la question de l’aide française dans le processus de reconstruction d’un pays épuisé par des années de guerre et souffrant d’un vide constitutionnel.
Dans un contexte régional fracturé par des conflits religieux et idéologiques, le Liban se distingue en préservant un système pluriconfessionnel où sunnites, chiites et chrétiens se partagent le territoire et le pouvoir politique. On note l’émergence d’une société civile, transpartisane et multiculturelle. Pour l’instant Ryad et Téhéran « s’entendent » pour ne pas intervenir au Liban.
Cette stabilité apparente est en réalité trompeuse. La vacance présidentielle, le blocage du parlement et la crise gouvernementale qui sévissent au Liban révèlent une fragilité totale sur le plan institutionnel.
Le bilan sécuritaire est tout aussi inquiétant. Bien que Daesh recule, le Liban est fortement affaibli par la crise des réfugiés. L’afflux massif de réfugiés syriens, en majorité sunnites, dans un pays encore marqué par le douloureux souvenir de la guerre israélo-arabe accroît les tensions idéologiques, sociales et humanitaires. Le fait dominant reste sûrement le durcissement de la position saoudienne.
Historiquement célèbre pour sa vitalité économique et la dynamique de son marché intérieur, le pays que l’on associait autrefois à la Suisse du Moyen Orient voit aujourd’hui sa situation économique se dégrader par la fuite des cerveaux et l’absence de croissance. Le système bancaire reste toutefois stabilisé par le soutien financier massif (dépôts) de la diaspora libanaise.
Ce bilan mitigé induit le fait que la France est de plus en plus attendue au Liban. À cette attente se mêle toutefois une certaine forme de lucidité concernant les réelles possibilités d’intervention de l’Etat français. Ainsi, aujourd’hui la coopération militaire franco-libanaise demeure insuffisante. Et au vu du nombre d’élèves en écoles bilingues, la francophonie libanaise apparaît en recul.