Le remaniement, avec son lot de surprises, a un peu éclipsé un changement pourtant remarquable : le rattachement du développement international au Ministère des Affaires Étrangères. La diplomatie économique prônée par Laurent Fabius, outil indispensable pour le développement de nos entreprises, pour l’investissement français à l’étranger et étrangers en France, pour la croissance et l’emploi, acquiert désormais les moyens nécessaires à son efficacité.
Car la mauvaise santé de l’économie française impose un diagnostic clair et des remèdes adaptés.
La dégradation importante de notre commerce extérieur au cours des dernières années est une donnée fondamentale et son redressement actuel reste faible.
Certes, la France se trouve dans une conjoncture mondiale difficile caractérisée par la récession dans zone euro et le ralentissement des économies des pays émergents. L’année 2013 se caractérise par un repli des exportations françaises (-1,3%) plus faible que celui des importations (-2,3%), permettant ainsi un recul du déficit commercial.
Pour autant, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB serait quasi-nulle en 2013 (-0,1 point après +1,0 point).
C’est pourquoi il est intéressant de comparer les résultats du commerce extérieur de la France à celui de l’Allemagne, pays se rapprochant le plus du modèle économique français tout en prenant en compte l’histoire, la construction, l’organisation territoriale de chaque pays.
Il existe un génie français au même titre qu’il y a un génie allemand. Nos traditions, nos structures institutionnelles, nos méthodes de management sont différentes.
Il ne sert à rien d’opposer le capitalisme rhénan à la culture entrepreneuriale française, plus étatique.
L’objectif sera de produire plus là où il y a des débouchés et ainsi créer des filières d’avenir et de l’autre côté, produire moins, laisser tomber des secteurs où l’activité ne peut plus se développer en favorisant la reconversion de ces emplois. Cela ne signifie pas abandonner des filières mais avoir la vision, la capacité et le courage politique d’impulser une reconversion des activités qui demain ne pourront perdurer.
Nous restons loin de l’Allemagne et de son tissu d’ETI fortement exportatrices. Elle a également subi une baisse de 0,2% de ses exportations et de 1,2% de ses importations, mais cela reste relatif au vu des excédents record de 198,9 milliards d’euros qu’elle présente.
Pour cela il faut résoudre un problème structurel : la part des PME à l’exportation en France ne dépasse pas les 25% lors des années de forte croissance.
Tout d’abord, il faut muscler nos PME les plus prometteuses dans la conquête du marché national, et leur permettre d’atteindre une taille critique pour attaquer l’international. Une bonne articulation entre grandes entreprises, PME, pôles de compétitivité, services de l’État, des régions et des métropoles pour mutualiser à ces fins les outils du développement, est donc une priorité. Ensuite c’est en ciblant prioritairement les PME qui innovent, qui sont capables d’atteindre le cap des 250 employés (ETI) et d’être performantes à l’export que nous poursuivrons l’objectif de mieux coupler innovation et exportation.
Il ne s’agit donc pas de protectionnisme mais d’intelligence économique dont notre pays à besoin. Une intelligence qui s’appuie sur nos atouts français (2eme réseau diplomatique au monde, plus grand nombre de groupes internationaux parmi les pays européens, plus belles villes du monde…).
Il va donc falloir favoriser le maillage entre les grandes entreprises et les entreprises de plus petite taille, en créant des organisations en réseau afin que chaque entreprise apporte sa valeur ajoutée et constitue ainsi l’excellence française qui nous permettra d’exporter massivement et ainsi passer d’un déficit à un bénéfice commercial qui sera le moteur de l’économie française et européenne.