La 9eme Table Ronde des maires chinois et français qui s’est tenue ces 12 et 13 juin à Lille a été un vrai succès, par le nombre et la qualité des participants, avec la présence notamment de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, de l’ambassadeur de Chine en France, et de Martine Aubry, maire de Lille et représentante spéciale du gouvernement en Chine.
Ce fut un succès aussi par la qualité des échanges autour du thème: construire une ville du XXIème siècle, mixte et durable.
L’occasion m’a été donnée d’intervenir à plusieurs reprises pour souligner la nécessité de veiller à l’attractivité et au rayonnement de nos villes, qui ne dépendent pas uniquement de l’efficacité économique de nos territoires. Plus exactement, le développement économique comme la solidarité sociale, sont aussi fonction de l’environnement éducatif, culturel, sportif ou écologique de nos cités.
Ainsi à Grenoble, au-delà de l’éco-système connu et reconnu entre Université, Recherche et Entreprises, dynamisé par l’innovation, il est certain que nos choix, par exemple au plan éducatif comme à celui des déplacements, ont été stratégiques.
La réalisation d’une cité scolaire avec 8 sections internationales s’est révélée particulièrement judicieuse pour les jeunes de Grenoble, ville multiculturelle, et pour attirer les investisseurs étrangers.
Le développement, très tôt, des transports en commun, et notamment du tramway, a été très utile socialement et économiquement, contrairement à ce qui s’est fait ou pas fait dans d’autres métropoles du monde qui n’ont pas su maitriser leur propre développement, rendant la vie très difficile en termes d’encombrement et de pollution.
Dans ce genre d’exercice, chaque maire a tendance à vanter les atouts de sa ville, la plus belle pour les uns, la plus grande pour les autres.
Relevant cordialement cette tendance, somme toute bien naturelle, je faisais remarquer qu’il y avait à mes yeux deux grandes différences entre villes chinoises et villes françaises:
-la taille démographique, c’est bien connu
-le niveau des investissements (plus de 50% des budgets des collectivités publiques pour la Chine, moins de 20% pour la France).
Et au risque d’être caricatural, on peut dire que la France pêche par sous-investissement et que la Chine par surtension démographique de ses villes.
Et la confrontation des points de vue nous conduit à nous interroger sur le bon positionnement du curseur, sur le niveau démographique et sur celui des investissements vers lesquels il est souhaitable de tendre pour être performant et attractif.
On a même le droit de se demander quelle recommandation on pourrait faire à des pays en voie d’urbanisation galopante. La Chine et la France sont très présentes en Afrique. Cette présence a des ressorts économiques. Il ne serait pourtant pas déraisonnable de réfléchir et d’agir pour aider ces pays à construire intelligemment un avenir équilibré avec des villes durables.
Je concluais ces rencontres en rappelant le message essentiel que j’adressais aux responsables politiques et économiques français dans mon rapport parlementaire: il faut agir en Chine avec constance et consistance.
Et dans ce cadre, les collectivités territoriales et notamment les grandes villes ont un rôle essentiel à jouer, pour faire la synthèse humaine entre efficacité économique, solidarité sociale et protection de l’environnement. Autant dire pour faire du développement durable un véritable développement humain.
Cette 9eme Table Ronde a tenu ses promesses. Lille restera un très grand cru, le cru du cinquantenaire !
Merci aux équipes du Comité France-Chine, de la Ville de Lille et de l’AMGVF d’y avoir si fortement contribué.