Ce mardi la Commission des affaires étrangère de l’Assemblée Nationale auditionnait Jean-Maurice Ripert, ambassadeur de France auprès de la Fédération de Russie. Une audition très intéressante compte-tenu des tensions actuelles au sujet de l’Ukraine.
Vladimir Poutine est un ancien du KGB qui vit toujours à l’heure de la diplomatie de la confrontation. Fort d’une popularité de 83% et d’une majorité de la population qui souhaite donner encore plus de pouvoir au Président, il impose à son pays une autorité sans partage.
Ce régime autoritaire est un retour en arrière par rapport aux petites avancées démocratiques de l’ère Medvedev. Dans une économie en quasi-récession, c’est principalement pour des raisons de politique intérieure que l’on doit interpréter les décisions concernant l’Ukraine.
La Russie doit s’opposer à la puissance américaine et à l’OTAN.
Il n’y avait pas de plan prémédité sur l’Ukraine mais l’instabilité de ce pays a constitué un effet d’aubaine avec la Crimée. Mais il n’est pas question de couper le gaz ni à l’Ukraine ni à l’Europe, la Russie ayant besoin de rentrées financières pour son économie plutôt au ralenti.
Je suis intervenu pour relater l’atmosphère qui régnait à Vilnius le week-end dernier à l’occasion de l’assemblée parlementaire de l’OTAN : une condamnation sans appel des méthodes de Poutine, une hypersensibilité des pays baltes à une menace potentielle de leur grand voisin, une mise en cause de la vente de deux Mistral par la France à la Russie.
L’ambassadeur est revenu sur l’obsession des Russes à voir l’Amérique pousser ses pions aux abords mêmes de son territoire. Pour eux, l’OTAN c’est le chiffon rouge et l’Europe ne compte pas en dehors de l’Allemagne, pour des raisons économiques et dans une moindre mesure, de la France, pour des raisons d’indépendance politique. Ils ne comprennent pas comment fonctionne l’Union Européenne et comprennent encore moins que des petits pays comme les pays baltes puissent peser sur l’Europe et les grands pays comme la France et l’Allemagne.
Sur les BPC (bâtiments de projection et de commandement), ils ont tendance à en rajouter, faisant miroiter d’autres commandes au-delà des 2 premiers Mistral…
Sur la diplomatie économique en cette période de tension, l’ambassadeur m’a répondu que les affaires étaient donc plutôt en baisse. Il rappelait que la Russie, contrairement à la Chine, à l’Inde et au Brésil, ne vivait pas pleinement la mondialisation. Tous les investissements restent publics, et son économie tourne essentiellement autour de ses ressources naturelles et notamment des hydro-carbures.
Jean-Pierre Chevenement, représentant spécial de la France, fait, dans ce contexte, un travail très appréciable.