Intervention en Libye : la protection des civils est primordiale

Juil 21, 2011 | Actualités, International | 0 commentaires

Il y a quelques jours, le Parlement était appelé à se prononcer sur la prolongation de l’intervention militaire française en Libye, conformément à l’article 35 de notre Constitution qui prévoit la consultation du Parlement dans les quatre mois qui suivent l’engagement d’une opération militaire. Le groupe SRC auquel j’appartiens a décidé collectivement de voter cette prolongation tout en apportant un certain nombre de réserves.

Face à la dureté de la répression orchestrée par les troupes du colonel Kadhafi, ne pas intervenir aurait certainement provoqué un bain de sang parmi les populations civiles. C’est pourquoi, dès le début des opérations, les Députés socialistes ont demandé la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne ainsi qu’une résolution des Nations-Unies permettant à la communauté internationale de marquer fermement son opposition aux violences qui se propageaient dans plusieurs villes de Libye. L’adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 17 mars 2011, a permis d’inscrire l’action de la France dans un cadre juridique légal indispensable.

Le vote de cette résolution n’élude pas pour autant les réserves que nous avons portées à l’attention du Gouvernement français et qui méritent d’être prises en compte.

Premièrement, il nous semble essentiel de disposer d’une feuille de route politique claire pour assurer la transition démocratique à laquelle le peuple libyen aspire. Les Députés socialistes insistent sur l’importance de privilégier une issue politique pour aboutir au départ du colonel Kadhafi ainsi que pour assurer un processus de réconciliation nationale. Celle-ci devra se construire dans un cadre multilatéral qui associe nos partenaires de l’Union Africaine, ceux de la Ligue arabe et bien sûr ceux de l’Union Européenne, dont certains prennent aujourd’hui leurs distances vis-à-vis de nous.

Puis, force est de constater que la faiblesse du soutien de l’OTAN comme de nos alliés européens montre que le retour de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN, souhaité par Nicolas Sarkozy et auquel nous nous étions opposés, n’aura pas tenu ses promesses. Cette décision devait être accompagnée d’un renforcement significatif de la politique européenne de sécurité et de défense, il n’en est rien aujourd’hui. Au-delà de l’axe franco-britannique engagé en première ligne, l’Union européenne est inaudible sur ce dossier. Pis, des divergences de fond apparaissent clairement entre les membres de l’Union européenne sur la conduite des opérations en Libye, mettant une nouvelle fois à mal une diplomatie européenne qui peinait déjà à exister.

Enfin, l’autre préoccupation que nous avons souhaité souligner concerne la légitimité morale et politique du Conseil national de la Résistance (CNT). La reconnaissance rapide du CNT par le Président de la République, sans même avoir consulté nos partenaires européens, peut laisser penser que cette décision hâtive répondait également à des enjeux de politique intérieure, le but étant de faire oublier les tergiversations françaises en Tunisie puis en Egypte. Toujours est-il que de nombreuses interrogations subsistent sur la ligne politique du CNT. Quelles sont les forces qui y sont représentées ? Quelle sera sa ligne politique si les insurgés parviennent à prendre Tripoli ? Le CNT sera-t-il en mesure de rassembler l’ensemble du peuple libyen ?

Malgré toutes ces réserves, j’espère, au même titre que mes collègues socialistes, que les conditions politiques seront bientôt réunies pour répondre aux aspirations légitimes de liberté, de justice et de démocratie du peuple libyen. C’est dans cet espoir que nous avons voté pour la prolongation de l’intervention française, dans le strict respect de la résolution des Nations-Unies.