Echange fructueux avec l’ancien Premier ministre de l’Algérie, Sid Ahmed Ghozali

Déc 21, 2014 | Actualités, International | 0 commentaires

photoJ’ai eu le plaisir de m’entretenir à Paris avec S.E Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre de l’Algérie de 1991 à 1992 puis Ambassadeur de l’Algérie en France de 1992 à 1994. Une relation de longue date dans  ce pays que le Général de Gaulle, j’aime à le rappeler, nommait la « porte du Sud »

C’est un homme d’une belle intelligence, brillant dans le domaine des relations internationales. Devenu spécialiste du Moyen Orient, en particulier de l’Iran et de l’Irak, il fonda en juin dernier, aux côtés de hautes personnalités européennes une nouvelle ONG, l’Association Européenne pour la Liberté de l’Irak, dont l’objet vise à améliorer la situation politique et celle des droits de l’Homme dans ce pays. Il effectuait ces derniers jours un déplacement en France pour évoquer la situation critique dans la région, la politique transatlantique et le rôle de la France (en particulier des parlementaires de la Commission des affaires étrangères). Nous avons évoqué les difficultés pour le partenariat transatlantique d’œuvrer efficacement en présence d’un Etat et d’une armée faibles et instables, ainsi que la situation humanitaire toujours effrayante pour les minorités kurdes et chrétiennes.

Nous avons, bien sûr, abordé aussi la situation de l’Algérie. L’ancien Premier ministre utilise la métaphore du médecin qui diagnostique et prend le tend de trouver le bon remède pour parler de son pays. La baisse du prix du pétrole inquiète fortement, même si ce n’est qu’un paramètre du problème. La dégradation économique du pays repose avant tout sur des ressources financières hors pétrole dramatiquement faibles. Rappelons que 97% de ses exportations et 70% du pouvoir d’achat de sa population proviennent des hydrocarbures. Le problème central est que la richesse de l’Algérie n’est pas le « produit des énergies créatrices » selon ses mots. Le surplus financier de plus de 200 milliards de réserves de changes sensé rassurer, sont de « faux excédents ». Car le pays vit de ses importations et mène de nombreuses dépenses inutiles à la croissance et à l’émergence d’un tissu économique diversifié. A terme s’imposera la baisse drastique des importations et la réduction des dépenses de l’Etat. Les excédents d’aujourd’hui ne seront pas suffisants pour contrer la progression de la pauvreté et du chômage. Pour l’ancien Premier ministre, le régime actuel qui refuse le changement, court au désastre économique et social. Je partage son analyse. L’Algérie a besoin de se tourner vers le sérieux dans les dépenses publiques et vers l’économie de la connaissance. Elle a besoin d’attirer les investisseurs extérieurs alors que la bureaucratie actuelle les fait fuir. Il est pour sa part toujours en relation avec l’opposition et défend un travail de longue haleine pour un changement graduel du système politique algérien. Celui-ci ne pourra se faire sans l’armée et encore moins contre l’armée. Cette dernière devra accompagner un processus de développement des forces politiques, syndicales et sociales, et assurer la protection des institutions clairement reconnues par la Constitution. Une parole de sage à écouter pour les partenaires de l’Algérie, qui devrait connaître, dans les années à venir, de profondes mutations.