À l’initiative du Club de l’Europe et GEP AFTP (Groupement des entreprises et professionnels des hydrocarbures et des énergies connexes), j’ai participé récemment à un très intéressant et vivant débat sur le thème « comment soutenir nos entreprises du secteur de l’énergie, en France et à l’export? » en présence de parlementaires, de chefs d’entreprises, de syndicalistes et de haut fonctionnaires.
Les industries françaises œuvrant dans les hydrocarbures et énergies connexes génèrent un chiffre d’affaires de plus de 40 milliards d’euros par an avec plus de 800 entreprises (de la start-up aux grandes multinationales) dans des secteurs aussi divers que l’exploration-production, la logistique, l’ingénierie, la fabrication d’équipement, le stockage ou encore le raffinage. Près de la moitié de ces sociétés ont une implication dans les énergies renouvelables (le solaire, l’éolien ou encore les énergies marines). De plus, 75 % d’entre elles partagent un savoir-faire avec d’autres industries, telles que la défense, l’extraction de minerai, la construction navale ou la chimie.
Il s’agit donc d’un réseau qui dispose d’une expertise-clé dans le développement des nouvelles technologies portant sur l’efficacité et la diversification du mix énergétique et qui peut jouer un rôle important dans la transition énergétique, en particulier dans le captage et le stockage du CO2.
Cependant, c’est dans un contexte difficile, avec un prix du baril de pétrole passé de 50 dollars en octobre 2015 à 27 dollars en février 2016, que doivent désormais évoluer ces entreprises, dont les exportations représentent en moyenne près de 90 % de leurs chiffres d’affaires.
Interrogé sur ce qu’il convenait de faire, et après avoir salué l’utilité et la qualité des engagements du GEP AFTP, je me suis permis de rappeler qu’il convenait de prendre en compte les entreprises dans leur diversité. En effet, on ne peut traiter de la même façon un grand groupe international et une petite PME. Qu’il s’agisse de la Recherche et Développement ou des besoins de financements, les difficultés rencontrées ne sont pas les mêmes. Il est donc important d’animer le tissu des PME au niveau régional en distinguant les entreprises les plus prometteuses, en terme de gouvernance et de niche d’activités.
Les aides publiques doivent être comprises dans une articulation opportune et intelligente entre l’Etat, l’Europe et les Collectivités territoriales. Il n’est pas douteux que l’absence de politique énergétique européenne et que le manque d’aisance financière de l’Etat rendent la situation délicate.
Les régions ont gagné en compétences dans le champ économique mais elles ne sont pas encore très dotées financièrement, ce qui rend leurs performances encore modestes.
Les métropoles apportent, pour leurs parts, une contribution utile en concentrant sur un même territoire pôles de recherche, pôles de compétitivité et universités. Elles constituent le levier gagnant pour accompagner les PME soucieuses de devenir ETI.
Un débat serré s’est alors engagé manifestant une fois de plus les réserves des responsables de l’administration centrale face au défi de la décentralisation et de la construction européenne. On peut avoir les meilleurs fonctionnaires du monde, mais si leur objectif reste l’adaptation à la France du 20ème siècle, alors qu’on doit bâtir le monde multipolaire du 21ème siècle, le risque est grand de vivre dans la nostalgie.
J’ai plaidé, exemples grenoblois, américain, asiatique et africain à l’appui, pour une meilleure connaissance par tous de la société multiculturelle d’aujourd’hui et pour la promotion de hauts fonctionnaires formés aux politiques de régulation.
Je mesure d’ailleurs, chaque jour, que le fossé se creuse entre ingénieurs et responsables économiques investis dans le monde tel qu’il est, avec ses atouts et ses menaces, et un monde politique et public, plutôt conservateur, difficilement capable d’avancées collectives innovantes et donc réformatrices.