Administrateur de l’Agence française de développement (AFD), je suis depuis le début de cette semaine en République Démocratique du Congo (RDC).
L’équipe de l’AFD en République Démocratique du Congo est dirigée par Jean-Christophe Maurin, avec des moyens certes limités compte-tenu de l’ampleur des besoins et de la dimension du pays, mais avec un dynamisme et un sens de l’initiative qu’il convient de souligner. Ainsi, elle s’est fortement engagée dans l’amélioration des services sociaux de base directement au profit des populations, notamment dans la santé et l’hydraulique urbaine. Elle apporte aussi une assistance technique pour construire les bases de politiques publiques, en particulier dans le domaine de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’environnement. Elle appuie l’amélioration de l’environnement économique en favorisant par exemple l’extension du crédit (méso-finance, micro finance, garantie).
A l’agence, nous avons pu prendre connaissance des principaux projets qui correspondent en 2015 à 140 millions d’euros d’engagements.
Reçus à la chancellerie par notre ambassadeur, M. Alain Rémy, que j’avais connu à Jérusalem où il était consul général et qui est en poste à Kinshasa depuis tout juste une semaine, nous avons pu évoquer la situation politique de la RDC.
Le président Joseph Kabila dont le 2ème mandat s’achève en 2016 tente de jouer la montre pour repousser l’échéance électorale et peut-être procéder à un référendum l’autorisant à se représenter une 3ème fois, ce que ne lui permet pas l’actuelle constitution. Ce qui crée un certain malaise dans le pays et dans beaucoup de capitales étrangères.
Sur le plan économique, les Chinois sont très présents même s’ils sont peu appréciés.
Des différends persistent avec les pays occidentaux concernant l’adoption d’enfants congolais, suite à un blocage politique du président Kabila.
Un déjeuner à la résidence nous a permis d’échanger avec des collègues parlementaires congolais, tant de la majorité que de l’opposition.
Il apparaît clairement que le sous-équipement de la RDC en matière de transports et l’absence de décentralisation dans ce vaste pays rendent problématique son redressement économique et social.
Au final, les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de la RDC sont considérables. La forte croissance économique que ce pays connaît depuis quelques années (7,2% en 2012, 8,5% en 2013, 8,7% en 2014 et stabilisation autour de 7,5% les années suivantes) n’est pas inclusive : elle repose essentiellement sur la production et l’exportation de matières premières (cuivre, cobalt, diamant,…), ce qui ne lui permet pas d’avoir un impact réel sur la réduction de la pauvreté. En 2012, le taux de chômage était de l’ordre de 50% et le PIB par habitant de 260 dollars US par an.
La RDC, malgré ses richesses et ressources naturelles reste malheureusement la lanterne rouge des pays en voie de développement, avec une gouvernance improbable d’un État failli depuis plus de deux décennies.