Il est toujours intéressant d’échanger avec les hauts responsables chinois. Ils savent défendre leur pays avec l’habileté de la diplomatie mondiale, avec l’affirmation de leur puissance économique et démographique, avec aussi le rappel de la situation en développement d’une part importante de leur population.
Ce fut une nouvelle fois le cas avec Son Exc. M. ZHAI Jun, ambassadeur de Chine en France, invité à déjeuner par Bruno Le Roux, président du groupe d’amitié France-Chine à l’Assemblée nationale.
Il a été beaucoup question de la diplomatie régionale de la Chine et des projets économiques et d’infrastructures mis en œuvre pour réaliser le projet de route terrestre et maritime de la soie.
J’ai mis à profit cette rencontre pour revenir sur l’opportunité que nous offre la création de la BAII (Banque asiatique d’investissements sur les infrastructures), que la France à intégrer (je fus rapporteur à l’Assemblée nationale du projet de loi afférent).
J’ai plaidé notamment qu’au-delà des thématiques prioritaires retenues (énergie et transports, entre autres), on puisse soutenir aussi des projets concernant les télécommunications, la santé, l’agro-alimentaire et surtout l’urbanisation. Sur ce dernier point, question majeure en Chine, le taux d’urbanisation devrait atteindre 50 % en 2020 et 60 % en 2030. On mesure ce que cela signifie à l’échelle d’un pays de 1,3 milliard d’habitants.
La politique chinoise en la matière est de ne plus encourager la constitution de mégalopoles de 10 ou 20 millions d’habitants mais de multiplier les petites villes (de 100.000 à 500.000 habitants). L’expertise française est forte dans ce domaine des villes durables. Notre pays doit se mobiliser pour relever ce défi considérable, en Asie notamment.
On ne pouvait décemment pas faire l’impasse sur les relations avec le Japon et la Corée du Nord.
Concernant le Japon, la Chine rappelle que, si l’on choisit ses amis, on ne choisit pas ses voisins. La Chine est devenue la deuxième puissance économique du monde, détrônant ainsi le Japon. Le sentiment de l’Ambassadeur est de croire qu’avec le temps, leur rival historique s’y fera…
Les relations avec la Corée du Nord sont préoccupantes sur le plan du nucléaire militaire, pour la communauté internationale comme pour la Chine.
La jeunesse du leader Nord-Coréen et les difficultés internes à son pays expliquent cette fuite en avant durement ressentie, aux dires de l’ambassadeur de Chine. Cela contraste évidemment avec les relations établies avec la Corée du Sud, notamment au plan économique, M. ZHAI Jun se plaisant à nous dire qu’il n’y avait pas moins de 800 vols par semaine entre les deux pays…