Mardi et mercredi dernier se tenaient à Paris les journées franco-algériennes de coopération territoriale pour le développement économique et environnemental.
De très nombreuses personnalités s’y pressaient, parmi lesquelles Marylise Lebranchu, Ministre de la Décentralisation, et Abdeslam Bouchouareb, Ministre algérien de l’Industrie et des Mines.
Invité par mes amis Jean-Louis Levet, haut responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, et Georges Morin, président du groupe Algérie de Cités Unies France (CUF), je suis intervenu pour défendre le territoire comme lieu et acteur du développement.
L’Algérie et la France vivent le même paradoxe : ils détiennent des atouts humains et géo-stratégiques formidables (et pour l’Algérie des ressources naturelles exceptionnelles), mais ils ne sont pas en mesure de les valoriser économiquement au niveau auquel ces deux pays pourraient prétendre.
Plusieurs raisons à cela bien sûr, mais la principale cause réside sans doute dans l’incapacité à tirer parti des territoires en figeant les stratégies de développement à partir d’un logiciel national de moins en moins adapté à l’heure de la mondialisation, qui nécessite capacité d’initiative et d’évolution rapide.
Ainsi, en France, la chaîne de la compétitivité est devenue très entravée au niveau national du fait du cloisonnement administratif excessif. Passer de l’enseignement supérieur à la recherche, puis à l’innovation, puis aux applications industrielles et aux services, puis à l’exportation relève du parcours du combattant.
Au plan territorial (régions et métropoles) les liaisons transversales sont plus faciles et la reconnaissance des difficultés plus aisée.
Et puis, le développement scientifique, technologique et économique doit pouvoir être dynamisé par un environnement attractif. Ainsi à Grenoble avec sa Cité scolaire internationale ou ses prestigieux équipements culturels ou sportifs. Ainsi à Constantine, ville jumelée avec Grenoble, avec son université de 100.000 étudiants et son rayonnement en 2015 comme capitale arabe de la culture.
Ces territoires sont les plus à même de faire synthèse entre développement économique, solidarité sociale et protection de l’environnement. Sur ce dernier point, il importe de rappeler, à l’approche de la COP 21, que 70% des émissions de gaz à effet de serre proviennent des territoires urbains. Ils seront demain les mieux placés pour s’engager concrètement dans les politiques décidées à Paris en décembre prochain.
En France comme en Algérie, il faut s’engager résolument dans une ère post-jacobine. C’est un enjeu majeur pour la France en Europe et pour l’Algérie en Afrique !