La semaine dernière, la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a auditionné le Premier ministre de Moldavie, M. Vlad Filat.
Premier pays francophone d’Europe orientale, le français reste la première langue enseignée dans le système d’enseignement secondaire de Moldavie et près de la moitié de la population moldave comprend notre langue.
En plus de cette présence culturelle, la France possède des intérêts économiques conséquents dans ce pays, où plusieurs de nos grands groupes ont une activité, contribuant à faire de la France l’un des premiers investisseurs étrangers en Moldavie. Le renforcement de ces liens, et notamment notre relation économique, figurait d’ailleurs parmi les priorités de la visite en France de M. Filat.
Néanmoins, même si la Moldavie offre aujourd’hui un visage politique bien plus apaisé qu’il y a deux ans, elle reste cependant le théâtre d’un conflit dit « gelé » dans sa province de Transnistrie. Cette région, où des forces sécessionnistes soutenues par des membres de l’armée russe ont imposé leur loi, inquiète beaucoup les Européens qui y voient une plaque tournante de tous les trafics.
Lors de cette audition, j’ai pour ma part interrogé le Premier ministre moldave sur plusieurs points :
M. Michel Destot :
Vous avez indiqué que votre pays était « européen ». Qu’entendez-vous pas là et avez-vous l’intention de demander à adhérer à l’Union européenne ?
Quelles sont vos relations avec la Roumanie, qui a récemment délivré 100 000 passeports à des citoyens de Moldavie, auxquels elle a octroyé sa nationalité ?
En outre, 1 million de Moldaves vivent hors de Moldavie : souhaitez-vous obtenir la liberté de circulation avec l’Union européenne ?
Enfin, la ville de Grenoble est jumelée avec Chisinau, votre capitale. Avez-vous l’intention de relancer la coopération décentralisée ?
M. Vlad Filat :
La Moldavie est européenne d’un point de vue culturel, géographique et historique.
Demander à adhérer à l’Union européenne n’a pas de sens en soi. Formuler une telle demande ne saurait suffire. Ce qui importe d’abord c’est de mettre en œuvre les valeurs et les standards européens. Lorsque ce sera fait, la demande prendra tout son sens.
Les relations avec la Roumanie sont bonnes. Il est fréquent que des citoyens moldaves aient aussi une autre nationalité, lorsqu’ils remplissent les conditions pour cela. En Moldavie, vivent aussi des citoyens roumains et des citoyens bulgares. Il est clair que l’obtention d’une autre nationalité ne peut être la solution à l’absence d’intégration européenne et de libre circulation. Notre objectif est que tous les Moldaves puissent circuler librement dans l’Union européenne sans avoir à acquérir une autre nationalité !
Les jumelages sont un bon moyen pour mettre en place des projets de coopération. L’appartenance de la Moldavie à l’Organisation internationale de la francophonie joue aussi un rôle positif.