Pierre Vimont a été chargé en février par Laurent Fabius, alors Ministre des Affaires étrangères, d’engager des démarches pour l’organisation d’une conférence internationale de relance du processus de paix au Proche-Orient. La Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale l’a tout récemment auditionné.
Le premier constat est que la solution à deux États semble reculer, et c’est pour cela que la France a pris une initiative diplomatique. La France déploie des efforts importants en direction des pays du Quartet pour expliquer son initiative.
La plus grande question reste l’attitude des États-Unis dans cette période pré-électorale et à l’heure de la fin de mandat d’Obama. Au plan de l’ONU, par exemple, les résolutions mettant en cause les colonisations se heurtent au veto américain. Il vaut donc mieux attendre pour relancer ce type d’initiative.
On peut toutefois imaginer que dans les deux mois qui séparent l’élection du futur président (en novembre) et son investiture (en janvier), le président Obama peut prendre une initiative intéressante comme ont pu le faire certains de ses prédécesseurs (comme Reagan reconnaissant l’OLP en fin de l’année 1988).
Le processus de négociation n’est pas arrêté : sera-t-il d’une conférence internationale ou plutôt d’une négociation bipartite ? On connaît, en tout cas, bien les 5 ou 6 points à traiter (frontières, sécurité, Jérusalem Est…). À vrai dire, sur tous ces points, en 35 ans les choses ont avancé et on voit bien ce qu’il est possible de finaliser.
Le vrai problème est la confiance : une confiance qui s’est détériorée avec la question des colonisations, illégales au regard du droit international.
Des avancées demeurent nécessaires de part et d’autre : ainsi, la réconciliation entre Gaza et la Cisjordanie reste essentielle pour la création d’un État palestinien fiable. Des discussions officieuses, notamment avec l’intermédiation de l’Egypte, existent entre le Hamas et le Fatah.
Du côté d’Israël, la sécurité est devenue primordiale pour le gouvernement de l’Etat hébreu. Cette question ne peut être sous-estimée compte-tenu des tensions extrêmes aujourd’hui au Proche-Orient.
Alors s’agit-il d’une conférence de plus, pour rien ? Attention, car cette démarche, même si elle ne débouche pas sur une conclusion de paix, peut créer une nouvelle dynamique comme ce fut le cas à Madrid et Oslo.
Pierre Vimont rappelle par ailleurs que, pour l’opinion publique arabe, l’initiative de la France reste bien reçue.
J’ai interrogé notre ambassadeur sur la question de la viabilité économique du futur État palestinien. En réponse, Pierre Vimont a évoqué les intentions d’assistance manifestées par l’Union européenne, la Norvège ou le Japon, tout en précisant que rien n’est possible sans accord de paix.