Les commissions des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale et du Sénat ont auditionné mardi au Palais du Luxembourg Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères. Compte-tenu de la gravité de la situation suite aux attentats de Paris, cette audition a revêtu une importance particulière. Vous trouverez ci-dessous les principaux éléments de son intervention.
Laurent Fabius a abordé l’ensemble des questions les plus sensibles.
Sur la Syrie, il a indiqué qu’il y avait un aspect politique, militaire et humanitaire.
Sur le plan militaire, l’ennemi c’est Daech. Et cela justifie l’engagement d’une grande coalition. Ce qui a le plus changé, c’est l’évolution de la Russie.
Sur le plan politique, le Ministre a redit il n’y aura pas d’avenir final avec Bachar El-Assad.
À Vienne, l’Iran et l’Arabie Saoudite étaient présentes en plus des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU. Une réunion plutôt dure qui a tout de même sur un texte qui sera débattu au Conseil de Sécurité de l’ONU.
Il s’agit de définir un processus électoral définissant ce qu’est l’opposition non-terroriste. Puis de bâtir une étape de transition, avec un gouvernement ad hoc. Ensuite viendra le moment de la mise en œuvre d’une constitution et enfin une élection présidentielle avec toute la diaspora.
Les Américains n’attachent pas une importance considérable à la Syrie, fatigués par les guerres en Afghanistan et en Irak, et tournés davantage vers le Pacifique.
Les Russes commencent à mesurer les conséquences négatives de leur attitude en Syrie (coût considérable et positionnement trop marqué côté chiite). Poutine prône un non-changement de régime plutôt qu’un soutien inconditionnel à Bachar El-Assad.
Pour l’Iran, c’est plus difficile. Ils encaissent de grosses pertes mais ne sont pas prêts à lâcher la Syrie.
Les pays les plus modérés veulent la perspective d’un changement pour obtenir leur engagement.
La Turquie exige une zone protégée au Nord de la Syrie pour les réfugiés, ce qui n’est pas possible aux yeux des Américains.
Sur le terrain, on observe des milliers de camions qui viennent s’approvisionner auprès de Daech, dont certains pour Bachar El-Assad.
Il faudrait couper les routes. Les Américains n’ont pas beaucoup aidé. Une évolution est pourtant possible aujourd’hui car ils pourraient être menacés, suite aux premiers revers subis par Daech qui veut se relancer sur un plan international.
Au plan européen, les choses avancent depuis les attentats de Paris, car beaucoup de pays (Allemagne, Angleterre…) se sentent directement menacés.
Le rôle de la France est de parler avec tout le monde. Mais l’élément le plus dur, ce n’est pas la Syrie mais l’Iran. Les troupes de Daech, aussi monstrueuse que soit l’organisation, ne sont que de 30.000 personnes. Si la coalition du monde entier n’arrive pas à les anéantir, on peut désespérer de tout !