« Bouger les lignes » est un club de réflexion progressiste, fondé par de jeunes professionnels issus à parité du secteur public et du secteur privé, qui souhaite contribuer à l’animation du débat d’idées au sein de la gauche réformiste.
Réuni en séminaire, un samedi de mars, autour des questions du travail, de la croissance durable et du système éducatif, ce club m’invitait, à l’initiative de son cofondateur Ariel Weil, à réagir à leurs propositions.
Ce fut l’occasion pour moi de saluer le remarquable travail accompli par les membres du club et, dans le même temps, de rappeler l’importance et la difficulté d’intégrer leurs propositions dans une politique globale, ambitieuse et efficace. C’était, en creux, une façon de souligner ce qui avait peut-être manqué au quinquennat qui approchait de son terme…
Pour s’en tenir au développement économique, on aurait pu imaginer une politique mise en œuvre dans les 100 premiers jours et recentrée sur 3 axes forts :
– Compétitivité / innovation
– Formation / qualification
– Territorialisation
On peut regretter que ces trois points aient été traités de façon non coordonnée et dispersée dans le temps, ne permettant pas de créer une bonne synergie et donc de conduire à des résultats tangibles en matière d’emploi et de redressement économique.
Par ailleurs, on mesure la difficulté de proposer une régulation mondiale en matière environnementale ou sociale, dans un monde qui est dérégulé au plan financier et protectionniste au plan migratoire.
On peut aussi s’interroger sur les priorités de notre politique éducative quand on enregistre, année après année, quasiment le même nombre de jeunes (150.000 environ) qui décrochent du système scolaire et qui constituent, pour la France, un double drame social et économique.
Une fois encore, j’ai plaidé pour que l’on puisse mobiliser notre pays à partir d’un récit réaliste de la mondialisation.
Le candidat-président avait stigmatisé, à juste titre, dans son discours du Bourget, les dérives du capitalisme financier, spéculatif, qui fait loi dans le monde. Mais il manque toujours la définition d’une vision globale de la mondialisation avec les opportunités à saisir pour la France (compte-tenu de ses atouts) et avec les régulations nécessaires au plan européen et international pour tendre vers une division internationale du travail profitable aux pays les plus pauvres, comme aux pays développés ou émergents.
C’est ainsi, à mon sens, qu’il convient de définir les bases d’une croissance « juste, propre et durable ». Sans oublier que tout développement durable doit s’appuyer sur les quatre piliers que sont le développement économique, la solidarité sociale, la protection de l’environnement et la démocratie citoyenne. C’est dire que, pour moi, le seul développement durable qui vaille pour notre planète est le développement humain.
Finalement, « Bouger les lignes » a retenu un certain nombre de propositions que l’on peut retrouver sur leur site (https://bougerleslignes.wordpress.com/) et dont j’ai voulu extraire certaines qui me paraissaient les plus convaincantes :
– Proposer un contrat de travail simplifié et plus souple pour les jeunes entreprises et celles en développement, qui dans le même temps assurerait pour le salarié un revenu au moins 5% supérieur au SMIC et qui donnerait droit, en cas de rupture, à des indemnisations plus élevées.
– Favoriser une croissance juste et durable en engageant la rénovation énergétique du parc des logements sociaux ainsi que la construction de bâtiments à énergie positive dans les nouveaux programmes. Cette croissance nouvelle pourrait aussi être permise par la conduite d’un débat public apaisé, possiblement au niveau européen, sur la fiscalité verte qui viendrait compenser certaines réductions de charges destinées à favoriser l’emploi et l’investissement productif.
– Enfin, offrir une nouvelle voie pour les politiques éducatives, basée sur le redressement du système français et la diversification des parcours, en renforçant notamment les moyens de l’orientation et de la réorientation.