Très importante réunion de la Commission des Affaires Etrangères (CAE) de l’Assemblée Nationale sur la situation en Irak, en présence du Ministre des Affaires étrangères.
D’entrée, Laurent Fabius a parlé d’été de toutes les crises.
Le dit « Etat Islamique » fait commerce de sa barbarie et de sa cruauté, comme l’a révélé encore l’assassinat du journaliste américain.
Ce groupe a fait une percée foudroyante, défaisant l’armée irakienne, avec quelques centaines de combattants.
Il est bien organisé et a pu s’appuyer sur des sunnites modérés excédés par le sectarisme de l’ancien dirigeant irakien.
Il se comporte comme un véritable Etat, avec une idéologie de domination globale visant à terme au-delà de l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie et Israël.
Il fallait réagir. Les Etats-Unis et la France l’ont fait les 1ers. L’UE a accepté, pour la 1ère fois, des livraisons d’armes.
La situation humanitaire est effrayante pour toutes les minorités, populations chassées ou tuées (sauf si conversion immédiate à l’islam).
Un pont aérien européen a été mis en œuvre et une priorité d’accueil des réfugiés en France a été donnée pour les ressortissants ayant un certain lien avec notre pays.
Au plan politique, l’Irak n’est pas encore un Etat stable. Il faut concilier 3 communautés (chiite, kurde et sunnite). Le nouveau Premier Ministre doit constituer un gouvernement, ce qui ne va pas de soi, qui soit inclusif, qui soit de rassemblement.
La France a été active, à l’ONU comme au plan européen, face à cette entreprise de destruction.
La déclaration visant à tenir une conférence internationale sur l’Irak avancée aujourd’hui même par le Président François Hollande doit être saluée et soutenue.
Après François Fillon s’exprimant au nom du Groupe UMP, je suis intervenu comme premier orateur du Groupe Socialiste pour souligner la grande qualité de l’intervention du ministre et surtout l’engagement fort et reconnu de la France.
Sur le plan humanitaire, me faisant l’interprète de nombreuses ONG, actives et engagées sur ce front, je me suis interrogé sur la réalité de l’aide liée au pont aérien entre l’Europe et l’Irak du Nord. L’acheminement des secours, la distribution des aides, l’efficacité de l’organisation et de la coordination sont des questions redoutables dans le contexte de guerre et d’immensité des besoins (avec plusieurs millions de déplacés quand on additionne déjà Irak et Syrie).
Sur le plan politique, on mesure l’extrême difficulté de la situation, compte-tenu de la grande fragilité politique et militaire de l’Etat irakien.
On peut même penser que cela rend hésitants certains dans leurs engagements, à l’image des Allemands se demandant si un jour les armes livrées aux Pershmergas, ces combattants kurdes, ne se retourneront pas contre l’Etat central irakien lui-même.
On ne peut non plus se voiler la face et ne faut-il pas regretter l’inertie de la communauté internationale concernant la Syrie et le manque de suivi des propositions de la France ? Le temps s’écoule inexorablement et certains craignent que le secours apporté aux Kurdes et Chrétiens d’Irak, indispensable face à la barbarie de l’Etat islamique, ne se fasse au détriment des opposants syriens et finalement au profit des djihadistes, face à Bachar El-Assad responsable du massacre de centaines de milliers de personnes et de l’exode de millions d’autres.