Savoir ce que l’on est, savoir ce que l’on veut

Oct 18, 2014 | Actualités, Non classé

Je vous fais partager aujourd’hui, la contribution du cercle de réflexion Inventer à Gauche que je préside, dans le cadre des États généraux du Parti socialiste.

Dans la période actuelle, la réflexion sur notre identité socialiste me paraît inéluctable. Ce texte s’y attèle pour définir le socle d’idées d’un socialisme en phase avec les contraintes de son temps.

Veuillez trouver la contribution ci-dessous :

Savoir ce que l’on est, savoir ce que l’on veut 

Octobre 2014 

La tenue d’Etats généraux des socialistes doit nous donner le devoir de dire clairement ce qu’est aujourd’hui le Parti socialiste, le projet qu’il porte, et ce qu’il faut proposer aujourd’hui, alors qu’il a la principale responsabilité du pouvoir. Ce n’est pas une tâche aisée tant les difficultés que connaît le pays créent un climat de scepticisme et de défiance. Mais ce n’est pas parce qu’une situation est compliquée qu’il ne faut pas avoir des idées claires et qu’il faut se réfugier dans des concepts flous. Les problèmes économiques de la France, avec l’affaiblissement de la compétitivité de nombre de ses entreprises depuis une dizaine d’années, et la panne de croissance que connaît l’Union européenne, expliquent que les gouvernements fassent des choix qui n’avaient pas été débattus durant la campagne présidentielle de 2012 – même si l’impératif du redressement avait été explicité – et qui sont discutés. Et tenir compte des réalités est une nécessité lorsqu’on a en charge les responsabilités d’un pays.

 

L’urgence est de définir les conditions qui permettraient aux socialistes de trouver un nouvel élan et de renouer avec la confiance. Il faut, pour cela, dire nettement ce que nous sommes et ce que nous voulons. Ces deux objectifs doivent être assumés ensemble. Les Français veulent des réponses pour leur vie quotidienne mais n’attendent pas une doctrine. Mais il n’y a pas d’action politique réussie qui ne s’inscrive pas dans un grand dessein.

 

Une part de nos problèmes actuels tient à ce que nous n’avons que partiellement tiré les conséquences du siècle écoulé et des transformations récentes survenues dans l’état du monde. Ce ne sont pas nos valeurs qui sont en cause. L’instabilité et la dangerosité du monde, les inégalités majeures entre les nations et les différents groupes sociaux, l’inégale répartition des richesses naturelles, les dangers écologiques continuent de justifier le message du socialisme démocratique, quelles que soient ses appellations, unissant le progrès économique à la justice sociale. Ce qui est en débat, c’est l’actualisation de la pensée socialiste.

 

Le socialisme demeure aujourd’hui comme hier, une philosophie de la liberté pour tous, d’une liberté réelle qui donne à chacun une capacité d’agir, la capacité politique et la capacité économique. S’y ajoute la volonté de réduire les inégalités entre les personnes et les groupes sociaux, c’est-à-dire un souci permanent de justice sociale. Aujourd’hui, comme hier, le socialisme n’a de sens que s’il a une visée internationaliste et prend en compte les besoins de l’humanité et des générations à venir. La question sociale et la question environnementale sont désormais étroitement liées.

 

Les leçons à tirer de l’histoire du XXème siècle doivent être clairement explicitées. L’éthique doit être une valeur cardinale : la fin ne justifie pas les moyens, car la valeur morale de la fin se trouve aussi dans la valeur morale des moyens. Un socialisme qui ne serait pas moral, qui oublierait son ambition humaniste n’a pas de sens. On ne peut, donc, pas mettre un signe égal entre l’échec historique du communisme et les difficultés du socialisme démocratique. L’économie administrée n’est pas une alternative –le siècle écoulé l’a suffisamment démontré. Dans l’état actuel de nos sociétés, une économie de marché demeure le meilleur mécanisme connu pour délivrer les informations et donner les stimulations nécessaires. Mais le capitalisme laissé à lui-même conduit à l’accroissement des inégalités sociales et des atteintes à la nature. « Le marché est un mauvais maitre, mais un bon serviteur », disaient déjà les sociaux-démocrates des années 1930 ! Le marché doit être régulé par des exigences sociales et des décisions politiques.

 

 

 

Le capitalisme contemporain, devenu essentiellement financier, dans une économie de marché mondialisée, a tendance à prendre comme seul et unique critère d’efficacité, la rentabilité à court terme des actions lancées et distribuées sur le marché. Il en résulte un oubli du long terme et la marchandisation de tout ce qui peut l’être, y compris en termes sociaux et environnementaux. Cette situation est dangereuse et inacceptable. Le projet social-démocrate moderne, tout en conservant les avantages de l’économie de marché, vise à mettre en place les régulations nécessaires au niveau de l’entreprise, au niveau national, aux niveaux européen et mondial. Menée avec constance dans le temps, une réforme des prélèvements obligatoires doit permettre de favoriser le système productif, mais il faut aussi mettre en œuvre une conception de l’entreprise qui associe tous ses partenaires,  activer une nouvelle politique industrielle corrigeant les insuffisances du marché, soutenir une politique de croissance dans l’Union européenne. Une économie forte doit pouvoir aller de pair avec un système productif qui intègre les coûts sociaux et environnementaux.

 

Dans les politiques de redistribution qui demeurent nécessaires, il faut  tenir compte de la nature multiple des inégalités dans notre société et des revendications des individus à une réelle autonomie.  Elles doivent s’exercer dans le cadre de services publics rénovés et prendre en compte la diversité des inégalités (sociales, économiques, territoriales …). Ainsi la solidarité envers les plus démunis et les demandeurs d’emplois doit non seulement  viser à leur garantir des moyens de subsistance décents mais aussi leur permettre de retrouver une place dans la société en  leur facilitant l’accès tant aux soins médicaux et au logement qu’à une formation adaptée aux exigences du marché du travail. A ce titre, la réforme du système éducatif  et des dispositifs de formation professionnelle sont une priorité : notre pays ne peut plus admettre que l’Ecole de la République reproduise et amplifie les inégalités sociales et culturelles et laisse chaque année au bord du chemin près de 150 000 jeunes sans diplôme et formation. L’éducation et la formation tout au long de la vie, notamment pour les demandeurs d’emplois, doit devenir une cause nationale.

 

Cette conciliation suppose de remettre au cœur du projet socialiste le progrès, l’innovation, la recherche. Nous ne voulons pas d’un socialisme frileux, replié sur lui-même et en définitive conservateur.

 

Le projet socialiste ne concerne pas seulement la production et la redistribution des richesses. Il a eu d’emblée l’ambition de désaliéner les hommes des contraintes diverses qui pèsent sur eux dans le travail, la vie sociale et culturelle. Conduire la transition écologique de nos sociétés demande de repenser nos modes de vie et de travail. Il faut tisser de nouvelles formes de solidarité, qui tirent partie des capacités de chaque individu. Il faut aussi prendre en compte l’aspiration d’une majorité croissante de citoyens de voir naitre de nouvelles formes de relations avec la politique. Cela suppose la recherche d’une démocratisation plus accomplie qui articule plus harmonieusement démocratie représentative et démocratie directe et qui s’attache notamment à la mise en place d’un véritable statut de l’élu, d’une représentation plus juste au sein des assemblées des diversités de la nation…

 

La mondialisation restera une donnée incontournable, d’autant que les transformations technologiques l’entretiennent. Ce qui est en question aujourd’hui, c’est la capacité des Etats à réguler le monde et ses évolutions, pour répondre aux exigences de justice et de solidarité. Il y  faut une base de puissance suffisante : c’est le sens de l’Union européenne. Les socialistes français doivent donc continuer à promouvoir un projet européen, quelles que soient les difficultés actuelles et les oppositions politiques. Forger une vision politique, qui articule clairement ce qui doit être fait au niveau de la France et ce qui doit l’être au niveau européen, est une tâche prioritaire. Le projet de civilisation que nous portons prend sa véritable dimension que dans et par l’unité européenne.

 

 

 

Ces orientations essentielles, nous essayons de les faire entrer dans la réalité avec des succès et des échecs. Des éléments ont été mis en œuvre pour les gouvernements depuis 2012. Mais leur cohérence n’apparaît pas encore suffisamment. La période qui s’ouvre doit être l’occasion pour le faire.

 

Beaucoup de chantiers ont été ouverts depuis l’élection de François Hollande à la Présidence de la République, et beaucoup de réformes engagées. Mais le temps court. Inexorablement. Il faut aujourd’hui répondre aux demandes du pays et se concentrer sur les sujets décisifs pour notre avenir. Deux ans et demi, c’est beaucoup et peu à la fois.

 

La première des exigences est le redressement de notre économie dont la compétitivité ne cesse de se détériorer depuis 20 ans. Mais il y a aussi une impatience face au sentiment de la baisse du pouvoir d’achat malgré une inflation dans la zone euro historiquement faible. Cessons d’opposer les deux. Sans une économie forte, des entreprises solides, pas d’emploi durable. Sans création d’emplois dans le secteur marchand et le tiers secteur, le fléau du chômage continuera d’affecter le pays. Un livre de Michel Rocard titrait « l’inflation au cœur », c’est aujourd’hui le chômage que nous avons au cœur ! Il faut que l’Etat dans son rôle de stratège définisse les priorités et fixe le cap.  On ne peut pas tergiverser et des décisions fortes et stables doivent être prises dans la clarté et avec constance.

 

Beaucoup de nos concitoyens sont pris par le doute, surtout ceux pour qui l’espoir s’est évanoui avec le chômage, l’insuffisance du revenu, les difficultés de la vie quotidienne. On ne les rassurera pas en leur dissimulant la vérité. Leur mentir est ce qu’ils craignent le plus. Il faut donc donner du sens à cet effort.

 

Comme après la seconde guerre mondiale, la France doit se relever et redessiner les contours de son économie et redéfinir le périmètre d’action de l’Etat. Nous n’avons pas vocation à continuer d’être déclassés en termes de compétitivité. La France est riche de talents. Laissons-les s’exprimer plutôt que les décourager. Cela passe par une refonte en profondeur de nos règles pour créer, produire, travailler.

 

 

 

Aujourd’hui, la France doit faire face à un quadruple enjeu :

  • Elle doit maintenir sa crédibilité sous peine de se voir attaquée au plan financier et voir ses taux d’intérêt augmenter, ce qui la ligoterait durablement, comme l’ont été l’Espagne, la Grèce ou le Portugal ;
  • Elle doit également recréer les conditions d’une croissance réelle, car c’est le seul véritable moyen de retrouver un équilibre budgétaire, comme le prouvent à la fois les analyses théoriques et toutes les analyses factuelles. La spirale de la déflation est la pire des choses pour atteindre les objectifs fixés par l’Europe ;
  • Elle doit le faire dans la justice sociale à la fois pour des raisons politiques évidentes, mais aussi parce que cette justice sociale est la condition essentielle de la préservation de notre cohésion sociale et de l’adhésion du plus grand nombre au pacte républicain ;
  • Elle doit enfin repenser le cadre dans lequel doit agir l’Etat. La définition d’un « Etat stratège »  se recentrant sur des actions régaliennes traditionnelles (défense, justice, police, éducation..) tout en se portant garant de la solidarité et de la justice sociale et promoteur de politiques structurelles de long terme (  politique industrielle, politique de l’aménagement du territoire …) est plus que jamais une nécessité..

 

Pour relancer la machine économique, la France doit maintenir sa propre rigueur budgétaire en matière de dépenses de fonctionnement mais elle doit obtenir en même temps un effort de l’Europe pour créer les conditions d’une véritable relance par l’investissement public sur des projets clairement européens, de type grands réseaux d’infrastructures ou relance de l’innovation (Europe 2020). C’est le seul moyen qui permettra de redonner confiance à la fois aux entreprises et à nos concitoyens… et aussi aux marchés comme le montre le cas américain.

 

Relancer la croissance, c’est aussi en France créer les conditions d’une meilleure compétitivité de nos entreprises. Cela suppose qu’un certain nombre de charges fiscales et sociales et de contraintes règlementaires qui pèsent sur elles et empêchent le rebond nécessaire soient allégées, sans pour autant abaisser nos exigences en terme de protection de la santé des travailleurs et de l’environnement. Cela suppose aussi que des éléments essentiels de la « compétitivité hors-prix » comme le coût de l’énergie, l’accès au crédit, une formation professionnelle adaptée aux besoins, une relation PME-donneurs d’ordre rééquilibrée, permettent des avancées significatives, Cela suppose enfin une véritable négociation sociale qui ne soit pas simplement l’affirmation par l’un des partenaires (en l’occurrence, ici, le MEDEF) des exigences sans aucune contrepartie et sans volonté de véritable négociation.

 

La France doit sortir par le haut comme elle l’a déjà fait dans son histoire. De grandes questions se posent sur la compétitivité de notre pays et notamment sur ce qu’on appelle la compétitivité hors prix. Un effort de tous, Etat, entreprises, collectivités, pour mieux vendre la France à l’étranger est indispensable.

 

Cette croissance doit se faire dans la justice. Sans obérer en quoi que ce soit les comptes publics, des mesures simples peuvent montrer que la France a fait le choix d’une croissance dans la justice sociale. Pourquoi ne pas accompagner le pacte de responsabilité de la mise en place de taux différenciés d’impôts sur les bénéfices, selon qu’ils seront réinvestis dans l’entreprise ou distribués sous forme de dividende ? C’est la meilleure garantie que le CICE ne sera pas transformé en dividendes, ce que personne ne comprendrait ici. De la même façon, une vraie négociation sociale peut permettre de diminuer les cotisations patronales, qui pèsent trop sur le travail, vers la CSG tout en maintenant le salaire net des salariés. Cette opération qui s’assimile à celle réussie, en 1998, par le gouvernement de la gauche plurielle peut se refaire aujourd’hui ; mais elle suppose une négociation honnête et globale avec les partenaires sociaux.

 

Rien de cela n’est impossible, rien de cela ne contrarie nos objectifs de maintien de la crédibilité de la France, en Europe et sur les marchés financiers. Tout de cela peut permettre une croissance dynamique.

Le véritable enjeu pour notre pays est de donner à chacun un horizon et une direction clairs, et qu’à la suite de ce qui est déjà engagé, les trois piliers de la crédibilité, de la croissance et de la justice sociale soient mis en œuvre en même temps.

 

Agir en France c’est aussi agir en Europe.

 

 

 

Comment pourrions-nous renoncer à la construction de l’Europe ? Ce serait une formidable régression si nous cédions à la facilité du nationalisme – comme si nous n’avions rien retenu de la funeste destinée de l’Europe alors que déflation, chômage, repli sur soi et boucs émissaires faisaient le lit du fascisme et du national-socialisme ;

 

Nous ne pouvons plus attendre : le moment est venu d’oser un pas de plus vers la fédération des Etats- nations. Les souverainistes en tout genre n’ont pas compris que seule l’Europe unie est capable d’avoir une voix qui compte dans les affaires du monde. Nous avons commencé par le plus dur, la monnaie ; il nous faut maintenant l’union budgétaire. Il nous faut aussi un contrôle de l’appareil bureaucratique de Bruxelles, le rééquilibrage de la politique de l’Union vers la croissance et l’emploi et la fin de la toute-puissance de la seule politique de la concurrence. Le citoyen n’est pas qu’un consommateur !

 

Nous devons veiller au fléchage des 300 milliards d’investissements supplémentaires affichés par la Commission au profit de politiques industrielles, de programmes d’infrastructures et d’énergie. Un effort majeur dans l’économie de la connaissance doit être poursuivi : la stratégie de Lisbonne est déjà loin et le monde bouge dans ce domaine plus que dans tout autre.

 

Le couple franco-allemand est en panne. La relance passe donc par l’intensification du dialogue au sein de la zone euro. Si tout le monde n’est pas disposé à plus d’intégration, nous devons en être les initiateurs et avancer avec ceux qui le veulent.

 

La France n’est pas condamnée au déclin ; sa place et son rayonnement sont liés l’achèvement du rêve européen !

La France par son histoire, possède des liens étroits avec de nombreux pays notamment en Afrique. Ces liens sont autant d’atouts dans un monde et une économie interconnectés. Le maintien et le renforcement de ces liens passent par une politique ambitieuse et même agressive pour la défense et le développement de la francophonie. L’Afrique est aujourd’hui le marché avec le plus grand potentiel de développement et représente pour la France une part de son avenir. La francophonie peut devenir dans les 30 prochaines années, l’un des réseaux informels le plus important et influent au monde. Les emplois de demain en France se construisent aujourd’hui dans l’espace francophone.

 

 

 

La France n’est pas plus condamnée à vivre dans une organisation territoriale dite en « millefeuille ». Nos collectivités entrecroisent les compétences et hélas les incohérences ; trop nombreuses, trop complexes. Illisibles pour le citoyen. Cet immense chantier piétine de rapports en annonces. Prenons garde à ce que trop d’hésitations et de variations dans le temps n’amènent à plus de complexité. Partons d’un constat économique et social plus que juridique. L’investissement public, source de croissance et d’emplois, est aujourd’hui généré par nos territoires ; plus de 70% de l’investissement public est le fait des collectivités territoriales. Les collectivités locales doivent contribuer à la maîtrise des dépenses publiques en comprimant leurs dépenses de fonctionnement. Mais la baisse notable des dotations de l’Etat dans les trois ans à venir risque de se traduire mécaniquement par une chute de l’investissement public, porteur de croissance et d’activité et donc malheureusement, de par une augmentation du chômage en France.

 

Une grande partie de l’innovation est intimement liée à la décentralisation. C’est dans les territoires que se fait l’essentiel du maillage entre recherche et entreprise, que se forment les réseaux informels synonymes de progrès et de création de valeur. Mais regardons la réalité en face. Alors que le potentiel scientifique est important et que la région Ile de France avec Paris sont l’une des toutes premières places mondiales de la recherche, nous peinons à valoriser économiquement ce potentiel considérable. Nous devons maintenant nous employer à rassembler les moyens humains, juridiques et financiers de tous ordres au niveau de chaque région revisitée pour les rendre comparables aux autres régions d’Europe. L’heure n’est pas à la nostalgie historique mais à l’audace d’entreprendre. C’est ce qui doit nous guider dans le nécessaire regroupement que le gouvernement a entrepris.

 

La France peut beaucoup, en Europe et dans le monde. Elle doit oser. Nous ne devons plus nous dérober, notre égoïsme signerait un arrêt de mort, nous devons penser à frais nouveaux.

Le socialisme, c’est l’espoir, pas le fatalisme.

 

Edwige Avice

Alain Bergounioux

Jean Cottave

Dominique de Combles de Nayves

Philippe Desgouttes

Michel Destot

Sébastien Fournier

Marc Goua

Philippe Jurgensen

Philippe Ngwette

Xavier Normand

Michel Ottaway

Philippe Panerai

Jean-Claude Prager

Marie Richard

Bernard Soulage

André Staropoli

Jean-Pierre Sueur

Catherine Tasca

Fabien Verdier