Hier nous commémorions, en Normandie, les 70 ans du Jour J, Grenoble aussi se souvenait.
Le « jour le plus long » fut au plan national le réveil de la résistance tombée un peu en léthargie après le démantèlement des groupes d’action. Les sabotages reprenaient vivement sous les directives du général Koenig, depuis Londres, dans l’objectif de gêner les mouvements de l’armée allemande.
Trois jours plus tard, à Grenoble, les volontaires civils affluent en direction du plateau du Vercors pour renforcer la réserve combattante des camarades « montagnards ». Ils constituent notamment la compagnie Brisac qui se regroupe à St Nizier. Ils sont alors plus de 3000.
Le colonel Descour, chef militaire de la région, est arrivé lui-même avec tout son état-major. Il s’installe dans la maison forestière du Rang-des-Pourrets, près de Saint-Aignan. Des bataillons allemands d’assaut partent régulièrement de Grenoble. Le secteur de St Nizier est alors sous le feu des pièces d’artillerie lourde qui sont installées dans Grenoble. Les maquisards espèrent un débarquement dans le midi ou un parachutage pour les soutenir. Mais les alliés se battent à plus de 800km de là, en Normandie.
À Grenoble même, des représailles en série s’abattent sur la ville considérée comme un repère de résistants. Les blindés SS défilent dans les rues. Les réseaux sont démantelés, réduits à l’impuissance par une occupation militaire et policière redoutable. L’inquiétude et la peur grandissent dans la région. Le 24 juillet, les Grenoblois apprennent avec effroi que des familles entières ont été décimées lors de l’assaut du Vercors par les unités nazies, en particulier à Vassieux.
C’est finalement avec le débarquement du 15 août en Provence que l’espoir renaîtra. Le temps des saboteurs est revenu. Le 22 août, Grenoble est libérée à son tour. Les maquisards défilent aux côtés des Américains. Ces héros qui pour la plupart n’avaient que 20 ans sont fêtés par la population en liesse.
Mais il faudra attendre encore de longs mois pour que soient libérés les camps de concentration et d’extermination, que soit connue l’horreur de ces déportations. Il faudra encore de longs mois pour qu’un terme final soit mis à la deuxième guerre mondiale dans le Pacifique.
C’est l’histoire de notre pays, c’est l’histoire de notre continent qui s’est finalement reconstruit sur les ruines de cette tragédie mondiale.
La commémoration de ce jour, remarquable par sa gravité et par son esprit de concorde et de rassemblement, est un signe fort donné au monde entier.