L’Assemblée nationale devrait examiner dès le 1er octobre prochain, le projet de loi sur le « Nouveau modèle énergétique français ». Il sera présenté, dans sa dernière version, ce mercredi en Conseil des ministres. Entre temps, en septembre, une commission spéciale de l’Assemblée nationale dont je ferai partie, sera chargée d’examiner ce projet de loi. Avant cela, de nombreux échanges auront lieu, notamment aux Universités d’été du Parti Socialiste où j’interviendrai aux côtés de Denis Baupin, Député de Paris, vice-Président l’Assemblée nationale (EELV) et de Teresa Ribera, ancienne Secrétaire d’État d’Espagne à l’Énergie et au Climat (2008-2011), Directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), dans l’atelier « La transition énergétique : nouveau modèle de développement ».
Cette loi pourrait représenter une avancée majeure pour notre pays. En définissant des objectifs ambitieux en matière de réduction de nos émissions de GES et de notre consommation d’énergies fossiles, elle s’engage dans la voie d’une politique climatique affirmée. En cherchant à réduire la facture énergétique de la France, qui importe chaque année plus de 65 milliards d’euros d’énergies fossiles, elle permettra aussi d’améliorer la compétitivité de notre pays.
La part du nucléaire dans le mix énergétique français doit passer de 75% en 2014 à 50% en 2025. Mais cette diversification de notre production d’électricité au profit des énergies renouvelables ne doit pas nous faire oublier les atouts que représente le nucléaire pour la France. Outre l’absence d’émission de GES, son exportation et la mise en valeur des technologies et des nouveaux domaines d’application qui y sont associées, profitent au rayonnement de la France à l’international et à la croissance de notre économie.
Par ailleurs, les moyens alloués au financement de la transition énergétique, de la requalification thermique du bâti aux énergies renouvelables en passant par les mobilités douces, doivent être à la hauteur des ambitions inscrites dans la loi. L’ADEME estime à 15 milliards d’euros, les financements manquants dans le projet de loi, pour se donner les moyens de ses ambitions.
Couplée avec les garanties offertes par la réforme territoriale, la loi devra aussi permettre aux métropoles et aux grandes régions d’investir massivement pour le soutien et la diffusion de l’innovation scientifique et technique dans nos territoires.
Elle ne pourrait cependant, être considérée comme l’alpha et l’omega de la transition énergétique. La voie du contrat, avec le monde de l’entreprise et avec l’ensemble des collectivités territoriales est tout aussi important. En prenant l’exemple de Grenoble, nous avons la preuve que la coopération de l’ensemble des acteurs d’un territoire peut permettre à celui ci d’engager la transition énergétique, notamment par la voie de l’innovation. Durant mes différents mandats comme maire de Grenoble, j’ai œuvré à la réalisation de l’éco-quartier de Bonne, 1er quartier auto-suffisant en énergie de France. Le développement de nouvelles lignes de tramway et la mise en service de véhicules électriques Toyota sont autant de succès du couple écologie/innovation. Le souci de notre environnement va de pair avec le soutien à la croissance et à l’innovation, c’est ce qu’a toujours incarné le modèle grenoblois.
Enfin, aucune transition énergétique ne pourra être menée à bout sans le concours de l’Europe, qui seule peut permettre la solidarité des États en vue du développement des énergies renouvelables, et engager le continent sur la voie de l’indépendance énergétique ! Je ne reviendrai pas sur ce point que j’ai déjà développé dans un précédent article intitulé « Politique énergétique : la nécessité d’une vision européenne », en date du 20 Juin.
Les enjeux de ce projet de loi sont donc multiples. L’ensemble des acteurs devront être associés, les métropoles devront jouer un rôle clé dans la mise en œuvre de tous les aspects de la transition énergétique, les outils financiers devront êtres plus conséquents et la France devra soutenir de grandes reformes pour faire émerger l’Europe de l’Énergie, si elle souhaite réussir sa transition énergétique !