Je suis intervenu hier en introduction d’une rencontre organisée par la FHF (Fédération Hospitalière Française) dans le cadre du Salon Santé Autonomie. La thématique choisie, l’innovation dans le domaine de la santé, a permis de rappeler qu’il n’est pas sain de résumer la problématique hospitalière au seul prisme coût/déficit.
Les hôpitaux français et notamment les CHU sont synonymes d’excellence aux yeux du monde entier. Ils le sont pour la qualité de l’offre de soins. Ils le sont aussi par leur capacité à générer recherche et innovation, en plus de la formation.
Plus largement, on considère qu’en 2030 le secteur de la santé représentera 20% de la richesse nationale, dans un marché mondial de 200 milliards de dollars. La France apparait dans ce domaine au 4ème rang mondial. Elle le doit à ses cliniciens, ses praticiens, ses chercheurs, ses ingénieurs, ses entrepreneurs. Elle peut se targuer de belles réussites comme celle du 1er cœur bio-artificiel Carmat, imaginé par le Professeur Alain Carpentier et conçu par l’ingénieur Claude Wartelle, camarade de promotion. On pourrait aussi citer le fait qu’un tiers des prothèses totales de hanche sont fabriquées en France à partir de brevets français. Et dans l’avenir, on peut miser sur des innovations prometteuses en télémédecine et robotique.
A Grenoble, le CHU, avec les organismes de recherche et l’université scientifique et médicale, a développé des activités de pointe dans les neurosciences et plus généralement dans les biotechnologies. BioMérieux s’est installé sur Grenoble en tirant parti de synergies avec le CEA-LETI dans les micro et nanotechnologies, avec les laboratoires de biologie structurale et moléculaire et la possibilité de tester protéines et molécules dans les lignes de lumière du Synchrotron. C’est dire l’importance qu’il importe donner à ce secteur, source d’innovation et de croissance, véritable pépite en France, avec le tourisme.
Mais au-delà de belles réussites, il y a encore beaucoup de freins, d’obstacles à lever. Les procédures de mise sur le marché, les phases de validation et d’évaluation sont longues et coûteuses, contrairement à d’autres pays (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Israël, etc). Cela devient un défi délicat à relever pour une PME, une TPE et une start up qui crée une activité à partir d’une idée ou d’un brevet.
De façon plus générale, on retrouve dans le domaine de la santé les mêmes insuffisances de financement ou d’organisation que dans tous les autres secteurs industriels adossés à l’innovation. L’insuffisance d’articulation efficace entre innovation et exportation, l’absence de réelle politique d’accueil des investissements étrangers, le manque de confiance de l’État dans la dynamique des collectivités territoriales sont autant de difficultés qu’il faut rapidement et fortement surmonter.
Enfin, il est souhaitable de prendre la pleine mesure des conséquences possibles des 50 milliards d’euros d’économies budgétaires à faire dans le secteur de l’assurance maladie. Les efforts nécessaires ne doivent pas affecter les politiques d’innovation et d’investissement qui seules peuvent contribuer à la croissance et à l’emploi.
Intervention qui a été le prélude à un échange de belle tenue avec les participants, élus, praticiens et directeurs d’hôpitaux, chercheurs, universitaires, chefs d’entreprise.