J’étais invité mercredi à l’assemblée générale du think-tank agricole saf agr’iDées, à Paris, où je suis intervenu à l’occasion de la table ronde « La ruralité à l’épreuve d’une nouvelle organisation territoriale ».
Cette rencontre très intéressante m’a permis de plaider pour un véritable dialogue urbain / rural qui tord le cou à ces idées reçues opposant des métropoles qui seraient privilégiées, riches et seules gagnantes de la mondialisation et des espaces ruraux pauvres et délaissés, qui seraient les véritables damnés de notre pays. Je vous propose de retrouver ci-dessous les grandes lignes de mon intervention.
L’urbanisation est un phénomène mondial et sûrement irréversible. En 1950, 30% des êtres humains vivaient dans une aire urbaine sur notre planète. Aujourd’hui les 50% ont été dépassés et on pronostique plus de 70% en 2050.
En France, il n’y a plus guère de ruralité au sens agraire du terme.
En Rhône-Alpes, le phénomène est identique. On assiste ainsi depuis plusieurs années à un véritable grignotage de l’espace rural par notamment les métropoles de Lyon, Grenoble et St Étienne. Aujourd’hui, 57% des communes rurales (soit 70% de la population rurale) se retrouvent dans l’espace périurbain et 78% sont sous l’influence d’un ou de plusieurs pôles urbains (soit 87% de la population rurale).
L’affirmation des métropoles ne s’est pas réalisée à l’encontre des communes rurales mais elle s’est faite dans l’optique de participer utilement et efficacement au redressement économique et social de la France. On trouve sur ces territoires métropolitains des taux de croissance supérieurs au taux médian national et des fonctions universitaires, scientifiques, technologiques, industrielles, hospitalières,… qui permettent un développement économique capable d’affronter la concurrence mondiale.
Ces territoires doivent dans le même temps affronter des situations sociales souvent très dégradées, en particulier dans les quartiers dits prioritaires.
Cet avènement des métropoles n’allait pourtant pas de soi dans un pays qui a assis son unité au cours de son histoire sur un État fort, très méfiant des villes et en particulier de sa capitale.
Par ailleurs, il n’est pas inutile de rappeler que les zones rurales comme les aires urbaines sont confrontées à des problématiques semblables : gestion des ressources en eau, perte de biodiversité, difficultés sociales…
Les unes ont besoin des autres et réciproquement.
Ainsi, avec l’aide de la Région Rhône-Alpes, la métropole grenobloise a poursuivi un programme ambitieux en six points qui illustrent le renforcement des liens entre sa partie urbanisée et ses zones rurales : développement de points de vente collectifs sur l’agglomération pour une politique alimentaire globale, mise en service d’une légumerie et de projets de développement de filières territoriales, création de fermes intercommunales, maintien d’espaces ouverts sur les coteaux de l’agglomération, approvisionnement local de la filière bois-énergie par le développement d’une exploitation éco-responsable, foncier agricole.