S’attaquer aux situations de rente dans notre pays, voilà une tâche complexe et pourtant nécessaire pour gagner en efficacité économique et en justice sociale. L’action du gouvernement dans ce sens doit s’amplifier. En ce qui concerne les concessions autoroutières, dénoncées au mois de septembre comme des situations de rentes dans un rapport publié par l’Autorité de la concurrence et pour lesquelles le gouvernement devrait annoncer des réformes dans les jours à venir, l’enjeu est double. A court terme il s’agit d’améliorer le pouvoir d’achat des Français en baissant les tarifs. Sur le long terme, c’est l’occasion d’établir un mode de financement pérenne de nos infrastructures de transports.
Force est de constater que l’absence dans la loi relative à la transition énergétique, de nouveaux dispositifs afin de financer les transports en commun et les transports de marchandises moins polluants tels que le ferroviaire ou le fluvial, de même que la suspension de l’écotaxe en octobre dernier, remettent en question nos capacités à investir dans des infrastructures favorisant les transports propres.
A cela nous pouvons ajouter le constat aberrant d’une fiscalité qui continue de favoriser l’achat de véhicules diesels plus polluants et nocifs pour la santé (le diesel est actuellement taxé 18centimes/l de moins que l’essence). Rappelons que 68% du parc automobile français est composé de moteurs diesels ! Et la hausse de 2 centimes qui entrera en vigueur le 1er janvier n’est pas un signal-prix suffisant pour changer la donne.
Outre la fiscalité du diesel, c’est l’ensemble de la fiscalité qui doit évoluer pour transformer les modes de déplacements. Cela passe donc aussi par les taxes autoroutières. Je suis favorable à une taxe de péage amoindrie sur les éco-mobilités (voitures électriques, basses consommations ou encore covoiturage) qui agirait comme un signal-prix efficace.
Aussi, il semble nécessaire que le gouvernement notifie sa volonté de changement afin de construire un nouveau système financier. Cela doit passer par la négociation de nouveaux contrats, voire la résiliation des contrats actuels de délégations aux sociétés concessionnaires privées.
Il faut souvent beaucoup d’audace pour garantir de la cohérence et de la lisibilité à l’action publique !