Le cercueil s’est refermé sur son visage apaisé que j’ai vu hier, pour la dernière fois. Avec une émotion qui m’a envahit d’un seul coup, faisant rejaillir tous ces moments de vie qui nous ont si fortement marqués, parce qu’ils sont la trace d’un homme exceptionnel, au parcours exemplaire.
Militant infatigable, issu du monde ouvrier, son combat en faveur des personnes les plus modestes, au service des milieux populaires, dans son atelier, dans son quartier, dans sa ville, dans son pays, ce combat fut le combat de sa vie.
Son engagement de chrétien àla JOC, puis àla CGT, en fait un des animateurs des grands mouvements sociaux des années Neyrpic. Le temps des hommes jetés au pied des machines, mais des hommes debout. Engagé avec détermination et avec humanité, Geo montre l’exemple.
Il franchit le pas politique. Avec Jean Verlhac, il se retrouve au PSU et en devient son secrétaire fédéral en 1965. Avec Hubert Dubedout dont il intègre l’équipe municipale à la même époque. Avec Pierre Mendès France qu’il soutiendra dans son combat législatif à Grenoble.
Georges était tout d’un bloc. En apparence. Car derrière sa voix forte qui portait, qui inspirait le respect, se cachait une sensibilité, une générosité exceptionnelles. Toutes ces qualités qui lui avaient permis de faire une synthèse heureuse entre le chrétien, le syndicaliste et le politique qu’il était.
Chère Suzon, chers amis, que de souvenirs me submergent comme vous en cet instant d’hommage si fortement partagé.
Ainsi dans les années 70, nos retours de la place Saint Bruno, les soirs de bureau fédéral, où nous refaisions le monde, lui sur sa mobylette, moi sur mon Solex. Avec toujours cette élégance de cœur qui le conduisait à m’attendre en régulant sa vitesse sur la mienne.
Et puis notre mariage en mairie célébré par Geo, Marie et moi nous ne l’oublierons jamais. Et puis ces années à la mairie de Grenoble où nous voulions que le monde du travail et de la jeunesse ait toute sa place.
Et encore, ces visites au VO, en dépit de ses souffrances articulaires, car il entendait se battre jusqu’au bout pour ce quartier si symbolique de notre ville.
Me tournant vers Suzon, vers ses enfants, ses petits-enfants, vers toute sa famille rassemblée derrière son Geo, je veux dire mon affection et ma fidélité. Du fond du cœur.
Geo, tu vas manquer à ta famille et à tes proches.
Geo, tu vas manquer à tes amis, au soir d’une vie si belle, si dense.
Geo, tu vas manquer à ton quartier, à tes voisins, à tes camarades de la section socialiste et de l’Union de quartier.
Geo, tu vas manquer à Grenoble, à ta ville que tu auras tant aimée !