« Au delà de notre amitié, mon estime et ma reconnaissance » à Edith Cresson

Sep 21, 2014 | Actualités, Galerie de portraits | 0 commentaires

Mardi dernier j’assistais à l’Elysée à la remise à Edith  Cresson des insignes d’Officier de la Légion d’honneur des mains du Président de la République. La plus haute distinction de la Nation était décernée à cette grande dame politique qui reste jusqu’à présent la seule femme à avoir été nommée Premier Ministre. C’est l’occasion pour moi de revenir sur son parcours et de lui témoigner ainsi, au-delà de notre amitié, mon estime et ma reconnaissance.

Diplômée de HEC et doctorante en démographie, elle entame une carrière d’ingénieure économique. Ce parcours lui a sans doute permis de porter une vision lucide et intelligible des transformations géopolitiques et techniques de nos sociétés à la fin du XXea siècle. En 1998 elle écrivait un livre intitulé « innover ou subir », un plaidoyer pour réformer notre pays en profondeur afin de répondre aux défis de la révolution économique et sociale fondée sur l’intelligence, sans abandonner ceux qui en étaient exclus. Elle y défendait particulièrement l’évolution de l’action de l’Etat et du droit européen.

Bien au-delà de la fonction de première femme Premier Ministre qui lui valut de se confronter à nombre d’attaques sexistes et de polémiques médiatiques, elle mena la France en pleine recomposition géopolitique mondiale suite à l’implosion de l’URSS. Elle paria dans l’Europe en reconnaissant les Etats de l’Est et en menant à bout les négociations de Maastricht durant son année à la tête du gouvernement (mai 1991- avril 1992), chantier qu’elle suivait déjà de près en tant que ministre des affaires européennes de Michel Rocard depuis 1988. De l’émergence d’une politique industrielle européenne à la création d’une communauté de l’électronique à l’instar de la CECA, sa vision de l’Europe toujours plus politique s’est avéré être la voie qui s’impose aujourd’hui progressivement.

Les avancées qu’elle a permise en matière environnementale dès 1991, par la création d’un ministère propre à l’environnement et par l’encouragement aux industries vertes, les mesures prises en matière de déconcentration (loi ATR 1992) et son soutien inconditionnel au déploiement d’un tissu de PME et ETI exportatrices et innovantes, créatrices d’emplois, sont les marques d’une vision particulièrement lucide des défis que la France devait relever.

Après son départ du gouvernement, elle continua de  mener ses combats, notamment en tant que Commissaire européen à la science, à la recherche et au développement en 1995.

J’ai eu le plaisir de l’accueillir à Grenoble à de nombreuses reprises, pour débattre sur le développement de l’ écosystème grenoblois en novembre 2012, inaugurer le Forum 4i, vitrine de l’innovation en mai 2013 ou encore inaugurer l’école grenobloise de la 2eme chance en tant que Présidente de la fédération nationale des écoles de la 2e chance en février 2013.

Sa sensibilité sociale et son souci de trouver le bon équilibre entre l’économique, le social et l’environnemental m’ont beaucoup rapproché d’elle.

Il reste à conclure sur notre territoire la mise en œuvre d’une véritable politique d’intelligence économique permettant à la future métropole grenobloise de franchir une nouvelle étape. Le concours d’Edith Cresson restera longtemps très précieux.

Je suis heureux et fier de la distinction qui lui a été rendue.