Le cercle Inventer à gauche (IAG) s’est réuni samedi matin 25/11 pour mettre en place 4 groupes de travail sur des thématiques permettant d’éclairer le nécessaire débat au sein de la gauche réformiste et européenne:
– social-démocratie
– fractures sociales et territoriales
– compétitivité, industrie, mondialisation
– capital-travail
On aurait pu multiplier les thématiques (par exemple: social, enseignement et formation, recherche, Europe,… autant de thèmes d’ailleurs qui feront l’objet de notes spécifiques), mais nous avons cherché à centrer nos réflexions sur celles qui intéressent principalement la conception d’un projet social-démocrate contemporain et utile.
Contemporain et utile pour des progressistes, soit à l’échelle du monde et à celle de l’intelligence humaine.
Projet utile et contemporain à l’échelle du monde, la seule échelle pertinente si l’on veut donner un sens aussi bien aux propositions économiques et industrielles (d’où la nécessaire réflexion à partir du commerce extérieur) que sociales (confrontation des continents, migrations Nord-Sud) qu’environnementales (pour conjurer le naufrage écologique où nous précipitent États-Unis et Chine).
Projet utile et contemporain à la promotion de l’intelligence humaine, de façon collective et universelle (cf l’ouvrage incontournable de Laurent Alexandre « La guerre des intelligences, intelligence artificielle versus intelligence humaine »).
Notre monde (Europe et USA en tête) tourne mal, avec la montée des inégalités et du populisme.
Nous avons oublié l’exhortation de Ricardo: « Le vrai but de l’économie est de réduire les inégalités, ce qui passe aujourd’hui plus que jamais par la réduction des inégalités intellectuelles ».
Or, nous le savons, la technologie poursuit sa course folle. Ce qui n’est pas condamnable en soi si dans la compétition entre neurones et silicium, le pouvoir reste aux neurones. Le futur doit rester politique au sens de la régulation du pouvoir technologique au profit du plus grand nombre.
Nous sommes tous le produit d’une intelligence liée à notre ADN, à notre environnement familial et social, et parfois à notre formation scolaire…
Aussi, ayons le courage de dire les choses:
1) les robots et l’IA ne sont pas responsables du chômage en France.
Les régions les plus automatisées dans le monde ont toutes un taux de chômage quasi-nul: Bavière, Suisse, Scandinavie, Singapour, Corée du Sud, Californie,…
2) le chômage structurel français est largement lié à un abandon du système de formation professionnelle et à une certaine « démission » de l’EN.
À l’ère de la société de la connaissance, l’école doit devenir l’institution la plus fondamentale dans la conception du futur, en gérant les cerveaux tout autant que la transmission des savoirs. Et le métier d’enseignant doit devenir (redevenir) le plus important du XXIème siècle.
3) ajoutons que face à l’IA, dans la compétition du futur, le piège du revenu universel se révélerait mortifère. Au-delà des moyens financiers considérables nécessaires, il condamnerait une part de l’humanité à décrocher de toute activité humaine…
L’heure est donc, plus que jamais, à l’élaboration d’un projet progressiste proposant une vision à long terme, à l’échelle de l’humanité toute entière, et qui refuse ces modèles, sans espoir pour certains, « d’apartheid social »:
– qu’il soit « américain » (et pour une part macroniste?), basé essentiellement sur la promotion de la réussite individuelle, et par ruissellement au profit de tous, nous dit-on. Mais nous savons que cela ne marche pas, en dehors peut-être du modèle chinois, organisé dans un contexte autoritaire.
– qu’il soit « hamoniste », fondé sur le revenu universel et la taxation des robots, et qui propose une vision résignée voire désespérée de la société pour une partie de l’humanité.