Audition de Michèle Alliot-Marie

Déc 21, 2010 | Actualités, International | 0 commentaires

La semaine dernière, avant de me rendre en Lituanie, j’ai participé à la première audition par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale de la nouvelle Ministre des Affaires étrangères et européennes. Nous avons abordé avec elle la mondialisation, la place de notre pays en Europe et dans le monde, la manière dont elle aborde ses nouvelles fonctions … ainsi que bon nombres de sujets d’actualité dont bien entendu la situation politique en Côte d’Ivoire.

Pour ma part, j’ai interrogé la Ministre sur deux sujets : le dossier du développement durable dans le cadre de la présidence française du G8 et du G20, ainsi que la situation en Haiti. Voici la retrasncription de mon intervention, et la réponse qui y a été apportée par la Ministre :

M. Michel Destot : « Deux dossiers me semblent être de bons tests pour ce qui est de l’influence de la France. Après Cancun d’abord, la présidence française du G20 et du G8 sera-t-elle l’occasion de reprendre à notre compte, face aux États-Unis et à la Chine, le dossier du changement climatique ? S’agissant de la situation en Haïti ensuite, l’ambassadeur français à Port-au-Prince nous a fait remarquer que s’il fallait évidemment tout faire sur le plan politique pour ramener le calme après le premier tour des élections présidentielles, il fallait aussi participer à la reconstruction de ce pays. Or cela ne peut se limiter à l’intervention des ONG. Bref, au-delà du concours financiers des États, comment faire pour assurer la présence des entreprises françaises ?  »

Mme la ministre d’État : « Les résultats de Cancun ont été plutôt une bonne nouvelle. La situation semblait bloquée, et beaucoup avaient pronostiqué un échec ; or, grâce aux pays émergents, en particulier à la présidence mexicaine et à l’Inde, le sommet a débouché sur quelque chose. L’Union européenne s’est dite prête à aller au-delà de l’objectif de 20 % de réduction des gaz à effet de serre d’ici à 2020, à condition que ses partenaires en fassent autant – tout est question d’équilibre. Le sujet fait partie des préoccupations du G20, ainsi que, même si c’est indirectement, du G8. En effet, les agendas de ces deux rencontres comportent des éléments ayant trait au développement durable.

Haïti est confrontée à une crise à la fois politique et sanitaire. De ce dernier point de vue, la situation est extrêmement préoccupante : on en est à plus de deux mille morts, cent mille personnes contaminées, quarante-cinq mille hospitalisées. S’y ajoute le problème des enfants en cours d’adoption, qui ont été regroupés à l’ambassade de France pour essayer de les protéger un peu. C’est une préoccupation immédiate. Quant aux élections, la situation est tendue. Les résultats du premier tour sont contestés – il faut dire que les divergences qui ont été constatées font naître des interrogations légitimes. L’essentiel, c’est d’arriver à tenir le deuxième tour le 16 janvier, et si possible dans des conditions incontestables. Diverses propositions ont été faites, une par exemple de la part des deux candidats arrivés en tête, une autre visant à rouvrir le deuxième tour à tous les candidats, ce qui paraît difficile sans se retrouver dans la même pagaille qu’au premier tour… En l’état actuel des choses, il semblerait qu’il soit juridiquement possible d’élargir le nombre des candidats au second tour.

Pour ce qui est de la reconstruction, des sommes non négligeables ont été envoyées dans le pays mais la reconstruction tarde, alors que le tremblement de terre date d’un an. Pour l’instant, la situation épidémiologique bloque tout, puisque les compagnies aériennes ne veulent pas desservir l’île dans les conditions actuelles. Toutefois, lorsque la reconstruction sera possible, je souhaite que les entreprises françaises soient beaucoup plus actives. Depuis des années, je constate que nos équipes sont toujours les premières quand survient une catastrophe naturelle mais que, dès lors que l’urgence est terminée, elles rentrent en France tandis que ce sont les entreprises étrangères qui viennent bénéficier de la manne financière qui s’est constituée. Cela me met hors de moi. Nous avons le savoir-faire, nous ne devrions pas être dans cette situation. Je vais en faire examiner les raisons : cela vient-il des entreprises françaises, ou d’autres facteurs ? Quoi qu’il en soit, ce phénomène m’a toujours profondément choquée, d’autant que la population conserve le sentiment que ce sont les autres pays qui Audition de Michèle Alliot Marie assurent la reconstruction et elle leur en est plus reconnaissante qu’à nous, qui avons fait le plus dur du travail. «