Comment prendre en 3 jours la mesure d’une mégalopole de 16 millions d’habitants, capitale d’un pays –continent, véritable miroir du monde par sa diversité sociale, culturelle, religieuse ?
Un sujet pour anthropologue, historien, sociologue, mais aussi pour politique soucieux d’un avenir plus harmonieux de notre planète. Delhi est tout à la fois une ville, un Etat, une Capitale. S’y concentrent toutes les contraintes sociétales d’un territoire urbain peu et mal maîtrisé et tous les espoirs d’un peuple qui entend s’affirmer dans le concert des nations, au nom de l’histoire des civilisations qui s’y sont forgées, d’une population dont la démographie toujours croissante est en passe de supplanter celle de la Chine, d’une démocratie qui pour être récente (son indépendance date de 1947) n’en est pas moins la plus grande du monde. Comment imaginer une mégapole de cette taille sans véritable réseau de transports en commun, dans un pays qui a privilégié la voiture aux infrastructures ? Comment faire cohabiter une population aux strates sociales aussi inégalitaires ? Comment écrire une nouvelle histoire en tirant le meilleur parti d’un développement tiré par l’économie de la connaissance, sans tourner le dos aux religions qui structurent encore si fortement la vie sociale du pays ?
Pour tenter de comprendre tout cela, il faut du temps, il faut visiter les campagnes, se perdre dans Bombay, s’interroger sur Bangalore, gagner l’Himalaya, revoir Pondichéry et puis revenir à Delhi.
New Delhi n’a pas effacé son passé britannique. Grandes avenues, zones vertes, c’est la partie où se croisent les milieux politiques, diplomatiques et le monde du business. Old Delhi vous saisit par tous vos sens. Carrefour à l’échelle d’une ville de tous les temps, de toutes les influences proches, moyennes et extrêmes orientales où se mêlent pauvreté, misère, saleté, mendicité et pratiques religieuses. Ainsi, il nous a été donné de passer d’un temple hindouiste, avec un hôpital pour oiseaux, à une église baptiste et à un centre communautaire Sikh. Derrière tout cela se trament des histoires fortes, multiséculaires, sources d’affrontements souvent meurtriers.
Ainsi la guerre d’indépendance de l’Inde a été le théâtre de terribles massacres dont furent victimes notamment les Sikhs, qui en ont tiré une philosophie de l’action temporelle. Il est dit que le sikhisme n’accepte pas le pessimisme, la résignation. Il n’accepte pas le précepte qui veut que l’on tende la joue droite quand on a été frappé sur la joue gauche. » Lorsque tous les autres recours ont été épuisés, il est parfaitement juste de tirer l’épée. » enjoint le Gurû Gobind Singh.
Au bout du bout, on est loin de nos débats franco-français sur l’identité nationale, débat d’un autre âge, d’un autre monde et pour tout dire pas français du tout… débat qui tourne le dos à l’universalité de notre société et à l’avenir de nos civilisations !