Vendredi dernier, je suis passé à l’Assemblée générale de l’Association Nationale des Anciens Descendants et Amis du Maquis de l’Oisans et du secteur 1 pour saluer très chaleureusement toutes ces personnes qui entretiennent la mémoire de l’histoire de notre région et de notre pays, aux heures sombres de l’occupation nazie comme à celles de la libération de notre territoire.
J’ai de l’estime et de l’amitié pour Gerard Lanvin-Lespiau, fils du capitaine André Lanvin-Lespiau, chef héroïque du maquis de l’Oisans qui regroupait des hommes de toutes origines et de toutes cultures pour la Liberté et pour la France.
Ce sont notamment ces maquisards qui, faisant jonction avec l’armée alliée venant de Provence, sous commandement américain, devaient libérer Grenoble le 22 août 1944.
Samedi, je participais à l’Assemblée générale de l’Association des amis pour la mémoire de la déportation.
C’est toujours un plaisir d’être avec eux car ce sont des amis et que nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes aspirations à la paix, à la solidarité et à la liberté.
Plaisir aussi de se retrouver dans le Musée de la résistance et de la déportation, équipement très emblématique du souci d’histoire et de mémoire du département de l’Isère.
Plaisir de saluer des passeurs de mémoire, militants portant les mêmes valeurs universelles et généreuses de progrès et de solidarité, celles du programme national de la Résistance et de la charte universelle des droits de l’homme.
Plaisir mais aussi émotion, car c’est l’occasion de revenir sur des moments tragiques de notre histoire, et d’entrer selon l’expression de Vladimir Jankelevitch dans « une méditation inépuisable » sur l’imagination criminelle nazie, sur son idéologie folle d’asservissement et d’extermination, de déportation, de barbarie et finalement de mort.
À Grenoble, le 11 novembre 1943, l’esprit de liberté a soufflé dans notre ville plus fort que la défaite, plus fort que l’humiliation.
Au prix le plus fort aussi, celui de la vie.
Mais l’esprit du 11 novembre 1943 témoignait déjà, avant tout, de la force irrépressible des convictions et des valeurs sacrées de l’humanité quand les ombres mortifères de la capitulation rôdaient.
À Seyssins, en avril dernier, nous baptisions une nouvelle allée du nom de Roger Rahon. Résistant et déporté, ami fidèle, père de Michel dont je salue affectueusement l’engagement à la présidence de l’association, Roger avait consacré une grande partie de sa vie au travail de mémoire. Cette cérémonie s’est déroulée auprès des maires Michel Baffert et Fabrice Hugelé, ce dernier, petit-fils de Maurice, compagnon de galère de Roger à Buchenwald.
En France, il y a 3 semaines, nous avons vécu des moments terribles et ressenti le souffle du pire, lors des attentats qui ont emporté 17 citoyens français. Mais nous nous sommes alors levés partout en France et même souvent à l’étranger pour clamer notre liberté et nous dresser contre la barbarie.
À Grenoble, nous étions 110000 à dire « je suis Charlie, je suis policier, je suis juif », pour dire en d’autres termes « je suis Français ». Pour dire que croyants ou non croyants, nous étions tous ensemble, vibrant aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, portant en nous ces valeurs universelles des droits de l’homme qui s’incarnent en France, notre patrie, dans la laïcité républicaine.
L’esprit de la résistance, c’est d’être debout, c’est d’être ensemble réunis sur les mêmes valeurs.
En 1943, en 2015, la France a montré qu’elle pouvait être debout et rassemblée contre la barbarie, pour le vivre ensemble, pour défendre la liberté, avec la force de notre idéal républicain.