Jeudi soir, j’ai participé à Paris au dîner organisé par les Arméniens de France, à l’invitation des Arméniens de Grenoble et de l’Isère, Monique et Grégoire Atamian, Marcelle Mardirossian et Anouche Agobian, et en présence du Président de la République, de plusieurs ministres, de nombreux parlementaires, de Charles Aznavour et de personnalités liées à la communauté arménienne, comme Bernard-Henri Lévy ou Franz Olivier Giesbert.
À notre table nous avaient rejoints mes collègues isérois Michel Issindou et Erwann Binet ainsi que ma collègue parisienne Annick Lepetit.
Une soirée partagée entre la convivialité, l’amitié et la gravité liée aux commémorations du génocide des Arméniens.
Il y a 100 ans exactement la Grande Guerre sert de prétexte à l’Empire Ottoman pour éliminer d’Anatolie les Arméniens, peuple de confession chrétienne orthodoxe, sans gouvernement et sans organisation réelle. Le gouvernement Jeune Turc commence par demander la déportation des Arméniens qui sont accusés d’adopter « des idées perfides », de « troubler l’ordre public » ou de se « joindre à la Russie ». Dès lors s’engagent la déportation et le massacre planifié de plus de 1,2 millions d’Arméniens, entre le printemps 1915 et le printemps 1916.
Les mots ont un sens. La volonté d’anéantir un peuple entier se nomme un génocide dans le droit international. Ce droit, nous l’avons reconstruit après la Seconde Guerre Mondiale, pour unir les démocraties du monde entier sur un socle de valeurs humaines et humanistes afin d’empêcher l’indignité de l’histoire de se répéter. L’un des principes fondateurs du droit international, le principe de non-rétroactivité, ne peut cependant pas empêcher la reconnaissance du génocide arménien comme l’affirment aujourd’hui encore certains négationnistes. Devons-nous rappeler qu’une exception notoire à ce principe est le jugement des criminels nazis responsables de la Shoah par les tribunaux de Nuremberg ? La négation du génocide arménien porte atteinte à l’honneur, à l’histoire et à la mémoire des Arméniens et des familles des victimes.
En des mots très forts, François Hollande qui se rendra à Erevan le 24 avril prochain, rappela que la liberté d’expression que nous voulons à tout prix préserver ne permettra jamais l’apologie d’un crime contre l’humanité. Il faisait ainsi référence à la tentative malheureusement avortée de loi contre la négation du génocide arménien par le Parlement français en 2012, une avancée qui n’a pas pu être ratifiée, bien que la France ait reconnu officiellement le génocide arménien depuis 2001.
À Grenoble, pendant mes 3 mandats, j’ai eu à cœur de renforcer le travail de mémoire. Chaque 24 avril, je participe aux cérémonies commémoratives du génocide aux côtés de la communauté arménienne devant le Katchkar, monument que j’ai inauguré en 1999 au Parc Paul Mistral. J’ai aussi souhaité nouer une coopération renforcée avec notre ville sœur de Sevan en Arménie. Et lors de mes deux voyages en Arménie, je n’ai pas manqué de me rendre à chaque fois au mémorial du premier génocide du XXème siècle.
La communauté arménienne de France a une exigence de vérité. C’est l’exigence de tous ceux qui portent l’espérance de la réconciliation durable entre Erevan et Ankara. Le centenaire du génocide arménien est l’occasion pour l’ONU de reconnaître le génocide et pour la Turquie de faire le geste de reconnaissance attendu du monde entier!