Intervention de Jérôme Safar lors du Conseil Municipal du 26/01

Jan 29, 2015 | Actualités, Grenoble mérite mieux ! | 0 commentaires

Retrouvez l’intervention de Jérôme Safar lors du Conseil municipal de la Ville de Grenoble du 26 janvier dernier:

Intervention de Jérôme Safar

Le Budget que vous vous apprêtez à présenter aux Grenoblois est frappé au sceau, en même temps du renoncement, du dogmatisme, et de l’improvisation…

 

Notre débat ce soir est de première importance. Après 10 mois de plein exercice du mandat qui vous a été confié en mars dernier, nous devons débattre des orientations budgétaires donc de la politique que vous comptez mettre en œuvre au bénéfice des Grenoblois et des Grenobloises pour le mandat.

Autant le dire tout de suite, la faiblesse du document que vous avez produit en matière d’orientations politiques fortes saute aux yeux avec d’autant plus d’acuité que les perspectives financières que vous présentez sont inquiétantes, non pas, comme vous essayez de le faire croire, uniquement en raison de la baisse des dotations de l’Etat, mais bien parce qu’à ce jour vous êtes dans l’incapacité de faire des choix clairs en lien avec la réalité financière et budgétaire et de notre pays et de notre ville.

Inquiétant de voir à quel point « la ville-centre » manque déjà de souffle au moment ou nous devons construire la Métropole de demain, en cela vous ne faites que confirmer les craintes que nous avions évoqué lors du dernier Conseil Municipal sur la question.

Votre document d’orientation budgétaire souffre aussi d’une méthode de travail aux antipodes des annonces que vous aviez fait ici même le 4 Avril 2014 lors de votre investiture.

Pourtant vous avez pris le temps avant de présenter vos orientations, là ou vous annonciez votre volonté  » de ne pas subir », le texte que vous proposez ce soir est uniquement défensif et peu imaginatif pour dépasser la difficulté objective créée par la baisse des dotations de l’Etat entre autre, ou plus exactement un texte qui se veut une succession de déclarations d’intention bien difficile à contredire, comme une des perle de ce texte en page 5 : » une politique publique qui contribue à l’intérêt général, c’est un projet qui est bon pour le présent et pour le futur »…je mets au défi ici quiconque d’affirmer le contraire…ou encore en page 21  » la poursuite du travail de structuration de la police municipale annoncée comme un objectif de 2015…œuvrant au milieu des habitants… » une semaine après avoir lu que celle-ci n’avait plus vocation à se rendre au cœur de certains quartiers…

Que dire aussi des réunions d’information, et surement pas de co-élaboration ni de concertation organisées dans l’urgence la semaine dernière, uniquement pour faire de la com là encore sans réelle ossature ni colonne vertébrale…

Vos axes prioritaires, de ville durable, de ville émancipatrice et de ville solidaire, sans constituer des choix clairs, là encore, peu d’élus républicains refuseraient de tels axes, se heurtent à la réalité budgétaire ou aux premiers signaux d’action que vous avez donné.

Vous parlez avec exhaustivité du dialogue permanent avec les Grenoblois, intention louable et nécessaire ainsi que de « modernisation radicale de la relation aux Grenobloises et aux Grenoblois ». Alors permettez moi de vous dire ici, qu’avant de nous payer de mots, afin que la relation avec les Grenoblois correspondent vraiment au dialogue permanent que vous appelez de vos vœux, il faudrait à tout le moins répondre aux multiples courriers envoyés en mairie et qui restent sans réponse, même pas un accusé de réception ! Durant les premiers mois de l’installation d’une nouvelle équipe cela peut s’expliquer, au bout de 10 mois, la litanie incessante des interpellations qui nous sont faites sur l’absence de réponse devient aussi un problème de qualité de l’échange démocratique avec nos concitoyens…
– Cela est d’autant plus vivement ressenti quand, avec les moyens de la collectivité et sans aucune délibération préalable vous choisissez de lancer un appel contre « l’austérité imposée » pour des services public de proximité.
– Cela est d’autant plus mal ressenti lorsque dans le même temps vous démantelez les politiques de sécurité mises en œuvre avec le partenariat de l’Etat tant au niveau de la Police Municipale que de la vidéosurveillance que vous avez choisi d’arrêter, sans vous soucier le moins du monde de l’effet que cela aurait dans certaines zones ou sa présence était de nature à rassurer et où son implantation avait fait l’objet d’un travail minutieux de concertation avec les Union de quartier concernées.

– Cela est d’autant plus mal ressenti, lorsque dans le même temps vous annoncez une mesure de fin de l’affichage publicitaire qui satisfait surement vos clientèles électorales, mais qui obère les recettes de la ville de 650 000€ sans parler des coûts induits pour la collectivité pour le nouveau dispositif envisagé.

– Cela est d’autant plus mal ressenti lorsque vous annoncez la suppression de la subvention aux Musiciens du Louvre-Grenoble, en laissant entendre que cela sera bénéfique aux autres structures culturelles mais en oubliant soigneusement de dire que la ligne budgétaire est supprimée et que personne, ni grande structure, ni petite structure n’en verra plus la couleur !

Vous annoncez aussi de grandes politiques qui sont en fait, ni plus ni moins que la mise en œuvre de décisions déjà prises avant votre arrivée, le plan lumière, les opérations de transition énergétique en omettant soigneusement de le signaler…

Vous prenez un retard certain sur les dispositifs liés au droit d’interpellation citoyenne, que vous annoncez effectif avant la fin de l’année 2015. Permettez nous sincèrement d’en douter ce soir, tout en espérant être démentis…

Cet axe de priorité semble aujourd’hui, bien qu’évoqué avec régularité lors de vos interventions singulièrement en panne ; et nous craignons que les annonces de co-construction, concertation, co-élaboration ne servent en fait qu’à masquer une difficulté à arbitrer, décider et assumer des choix de politiques publiques…
Mais là ou le Bat blesse vraiment c’est sur la ville solidaire!

Nous sommes là confrontés à une tentative assez maladroite pour masquer une réalité bien différente de celle que vous énoncez en affirmant « que la ville s’appuie sur le savoir faire de son CCAS »…

Pour nous en convaincre, il faut lire avec attention le compte-rendu du DOB au CCAS qui a permis de bien préciser la réalité de ce que vous faites.
En annonçant le maintien de la subvention au CCAS, vous êtes en totale contradiction avec une période qui voit la demande sociale en pleine croissance. Cette stabilité de la recette de la ville est à mettre en relation avec le « choc de masse salariale » du CCAS qui prévoit une augmentation de 1,3M€ en 2015…

Cela obèrera forcément les politiques publiques mises en œuvre et j’y reviendrai.

En fait, face à cette stabilité, il faut afficher l’évolution de +1,5% de la masse salariale, de 0,25% des frais généraux de +0, 25% des dépenses d’exploitation et de +1% des autres dépenses. Vous l’écrivez vous-même la situation financière du CCAS se fragilisera avec une baisse de l’épargne brute et de l’épargne nette…En clair, vous nous annoncez que la ville aura d’une façon ou d’une autre à y revenir et à soutenir le CCAS que vous aurez affaiblis…

Votre rôle est d’assumer des choix politiques, y compris sous la contrainte, ce qui a été le cas de la majorité précédente pour le CCAS !

Lorsque vous annoncez que l’évolution de la subvention du CCAS est de 0 vous lui diminuez votre soutien. Le choix fait est grave et constitue un symbole très regrettable dans le contexte social actuel que vous n’avez de cesse pourtant de dénoncer!
Cela est d’autant plus invraisemblable lorsque vous procédez à la nomination d’un collaborateur de cabinet au siège du CCAS qui devient un symbole incompréhensible lorsque vous annoncez dans le même temps le retrait du CCAS des dispositifs d’emploi d’insertion !

Cela n’a certes rien d’illégal, mais rares sont les CCAS qui recrutent un emploi de cabinet, et jusqu’ici Grenoble ne l’avait pas fait…

Pour trouver l’équilibre précaire que vous instaurez, vous décidez de travailler sur des pistes d’économies qui ne font, elles, l’objet d’aucune grande concertation:

  • Reforme du Pass’Culture en réduisant la place donnée aux spectacles de la MC2 et du Théâtre municipal, 
  • Réduction des Paniers Solidaires, 
  • Réflexion sur la suppression des colis de Noël, 
  • réduction de l’effort sur les emplois d’insertion, 
  • Intervention sur les dispositifs de lutte contre la précarité énergétique, 
  • aggravation des charges pour l’installation de chalets au rondeau pour les familles de Verlaine (300 000 €!)

tout ceci dans un contexte d’absence de choix habillés encore une fois part le temps pris à l’élaboration et d’un plan stratégique et d’un projet d’établissement… tout se fait « à l’aveuglette, sans ligne précise, tout en subissant la pression de la réalité financière » en fait c’est le Directeur Général des Services du CCAS lui-même qui résume le mieux la situation: « ce qui manque à la Direction du CCAS pour pouvoir donner aux administrateurs les éléments dont ils ont besoin est d’avoir déjà les orientations politiques pour pouvoir chiffrer la fermeture de tel ou tel dispositif… »

On le voit la ville solidaire est mal partie…
La ville émancipatrice quant à elle en matière de fonctionnement se contente sur beaucoup de points, même sur le scolaire et le périscolaire de continuer les interventions de la ville sans grande remise en cause des politiques engagées, et sans moyens supplémentaires, là ou pourtant l’on nous reprochait, parfois même en manifestant de ne pas mettre les moyens nécessaires…chacun appréciera.

Il faut noter toutefois deux points positifs, le Terrain de foot de VO que nous voterons en investissement et l’amorce d’une politique de la Montagne qui se veut ambitieuse et solidaire .

Que dire en revanche de la politique Culturelle et de la politique d’animations qui pour la première est embourbée dans une concertation qui dure et qui laisse sur leur faim de très nombreux acteurs en stigmatisant, qui les publics du Théâtre, qui ceux des Musiciens du Louvre Grenoble, sans donner vraiment de ligne directrice et qui pour l’autre n’a pour effet pour le moment que la disparition annoncée, plus ou moins nettement d’évènements comme le Tour de France, très nettement, avec la suppression de 7 emplois à la clé, des évènements du Palais des Sports sans qu’une visibilité claire et de la programmation et des finances de l’équipement soit présentée comme cela avait pourtant été dit aux élus. Nous demandons d’ailleurs que pour le Palais des sports une présentation trimestrielle et de la programmation, et des coûts de l’équipement soit présentée en Commission ressources et culture!

Nous pourrions avant d’évoquer l’investissement et les équilibres continuer encore longtemps sur le fait que vous ne mentionnez même pas dans votre document, les axes de travail avec les commerces de proximité et de centre-ville qui subissent actuellement de plein fouet la situation économique et sociale, et qui ont besoin aussi d’un politique de rayonnement, d’attractivité et de sécurité indispensable à leur condition de travail…que dire aussi de l’absence de toute mention à l’effort nécessaire aujourd’hui et encore plus demain qui doit être fait en matière de propreté dans la ville, combat toujours incessant et important à Grenoble…ces politiques là ne sont même pas mentionnées…!

Concernant l’investissement. Quid du projet  « Cœur de ville » et des aménagements urbains nécessaires à notre centre-ville il n’est pas question. Pour les écoles, vous choisissez de mobiliser ce que nous engagions en dépenses réelles tous les ans, et à ce rythme là votre effort sur le bâti sera sensiblement équivalent à ce qui était fait jusqu’à maintenant…En fait vous êtes coincés par les conséquences de vos décisions en matière d’urbanisme qui vous empêchent de percevoir les recettes de droits à construire rattachés.. autant de pertes pour le budget et pour équilibrer celui-ci. Vous n’évoquez même pas la politique d’investissements des satellites, aucune évaluation ou proposition de la part d’ACTIS, de Grenoble Habitat, de GEG, de la Compagnie de Chauffage ??? et devant la situation ainsi créée, vous spéculez sur la vente d’une partie du patrimoine Grenoblois à hauteur de 2M€…nous ne nous y opposerons pas, et même si vous pouvez aller plus loin et dégager plus de recettes intelligemment en le faisant nous sommes prêts à le voter…mais cela paraît extrêmement difficile dans le contexte actuel.

Il est clair, que malgré les déclarations d’intentions et la dénonciation de la baisse des dotations de l’Etat, vous n’avez pas réussi à arbitrer entre la purge que proposait l’Adjoint aux finances il y a quelques semaines dans le Dauphiné Libéré évoquant une baisse historique de l’investissement, des décisions difficiles sur le fonctionnement. 
Vous vous retrouvez même coincés par des décisions qui amputent les recettes de la ville et en fonctionnement et en investissement…

Et vous nous présentez une stratégie financière qui s’appuie pour la première fois depuis 1995 sur une épargne nette négative de 8 M€, tout en ayant le culot d’agiter le spectre de la mise sous tutelle de la ville depuis votre arrivée… en réalité c’est bien le décalage entre votre discours volontariste du 4 Avril et l’absence de choix clairs d’une équipe coincée face à la réalité qui saute aux yeux…C’est vous qui risquez de nous mener tout droit vers les difficultés que vous agitez sans cesse depuis plusieurs mois et vers cette « mise sous tutelle » qui vous devrait beaucoup. Tout cela dans un discours ambiant d’impuissance qui ne conduira pas nos concitoyens à retrouver la confiance en leurs élus et en leurs institutions.

Quoi de mieux que l’aveu d’impuissance que vous avez fait successivement, vous et votre première adjointe, concernant le quartier Mistral, là ou la police muncipale ne doit plus aller « en cœur de quartier », et là où, alors que la ZSP doit être activée et mobilisée par la ville, vous êtes dans le constat impuissant d’ascensoristes qui ne se rendent plus sur place…mais qui préside ACTIS ? qui porte le partenariat avec l’Etat ? et dans quelles conditions ? comment s’étonner en effet d’un sentiment d’impuissance devant ces prises de paroles…

En vérité ce que vous nous présentez ce soir est ni plus ni moins que la preuve concrète et inquiétante de ce que nous annoncions depuis des mois en espérant nous tromper un peu: la Chronique d’une panne annoncée, celle qui consiste à subir les évènements sans jamais faire autre chose que dénoncer, défaire, détricoter et regretter… le réveil sera dur et lourd pour les Grenoblois(e)s, ceux des quartiers que vous abandonnez déjà, et ceux qui pouvaient compter sur la présence et la réactivité de la ville. Les réunions entre-soi et les faux nez de la concertation et de la démocratie ne suffisent pas à faire sens pour une ville, pour une Métropole, ne suffisent pas pour porter un territoire, ne suffisent pas pour que la richesse soit créée et redistribuée au bénéfice du plus grand nombre. Pour tout dire, cela n’est pas à la Hauteur !

Le Budget que vous vous apprêtez à présenter aux Grenoblois est frappée au sceau, en même temps du renoncement, du dogmatisme, et de l’improvisation…

Nous finirons par le payer très cher avec moins d’investissement, moins de solidarité, moins de service public, une situation financière fragilisée et moins de démocratie réelle !