La victoire de Syriza en Grèce agit comme un souffle sur toute l’Europe, sans doute ventilé par nombre de responsables politiques qui n’ont pas tardé à en faire leur victoire.
La Grèce est devenue une économie dévorée par le chômage. Depuis 2010 l’emploi a baissé de 20% et le taux de production de 25%, menant à la chute des salaires, de la demande intérieure et de l’offre extérieure. Le taux de pauvreté atteint 36%. L’extrême pauvreté est passée de 2% à 14%. L’austérité a un véritable sens en Grèce. Il s’agit d’une politique de désendettement rapide et unilatérale dont le coût social l’empêche d’arriver à ses objectifs. C’est contre le manque de résultats, l’anéantissement de l’espérance que le peuple grec a choisi de mettre un terme à la politique passée. Il n’a pas choisi pour autant le repli sur soi, le discours anti-européen de la droite souverainiste ou pire, le néo-nazisme d’Aube d’Orée.
N’ayons donc pas peur de le soutenir dans la volonté qui est celle de tous les progressistes européens : faire de l’Europe un accélérateur de croissance, d’emploi et de solidarité. N’ayons pas peur non plus d’affirmer que la réponse à ses difficultés est complexe. Qu’elle provient d’un manque d’intégration économique de la zone euro qui a été incapable de résorber ses asymétries internes.
Mais lorsque nous avons dit cela nous n’avons pas tout dit. La Grèce fait aussi partie des Etats qui ont profité de la monnaie unique pour financer leurs dépenses croissantes par le biais de l’endettement. Une permission donnée par l’Union Européenne. Et puis le problème du manque de ressources lié au faible rendement de ses impôts, n’est pas nouveau. Dès le 14e siècle et jusqu’au 19e siècle, le peuple grec sous la domination de l’Empire Ottoman a fait du non paiement de l’impôt un acte de résistance. La Grèce doit dorénavant accepter l’impôt, le cadastre et l’ensemble des règles du jeu des démocraties modernes.
Alors aidons la Grèce à s’en sortir, non pas en défendant l’effacement de sa dette qui serait un mauvais message vis-à-vis du reste de l’Europe en proie à la montée des populismes. Soutenons en revanche son rééchelonnement afin d’alléger le service de la dette et de permettre le retour de l’investissement public. Puis mobilisons-nous pour davantage d’Europe, un véritable budget et des ressources fiscales propres afin de compléter la politique volontariste d’assouplissement monétaire menée actuellement par la BCE.