C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris ce mercredi, le décès de Paul Keller, d’un appel de Robert Paragot et d’un SMS de Jean-Louis Mercadié. Le monde de la montagne est en deuil.
Paul fut l’une de ces rencontres inoubliables. Un homme dont la carrure respectable tranchait avec la douceur de son regard et l’équilibre de son tempérament. Une véritable force de la nature, un pasteur inspiré et un alpiniste hors classe.
Il se fit une place dans l’histoire alpine et himalayenne à plusieurs reprises. On peut rappeler l’expédition victorieuse à la Tour de Mustagh (7283m) en 1956, qui préfigura les ascensions en style alpin. Ils étaient trois compagnons de cordée, par -30 °C, gagnant le sommet au prix de bivouacs sans duvet, sans eau et presque sans nourriture. Son énergie, son calme et son intelligence avaient joué un rôle déterminant.
En 1962, il seconda Lionel Terray qui conduisait la première ascension du Jannu (7773m) au Népal. Lionel Terray lui découvrit alors « un doigté et une connaissance des hommes dignes des plus grands capitaines ». Il était devenu en 1957, président de la Compagnie des guides de l’Oisans. Il représenta par la suite le métier en tant que président du syndicat national de 1976 à 1979.
Ce sens de l’engagement le conduisit, durant la seconde guerre mondiale, à aider de nombreuses familles juives et le mena plus tard à s’impliquer auprès des plus démunis, notamment à travers son activité de premier président de l’association « Un toit pour tous » à Grenoble.
Son attrait pour la philosophie et la théologie l’amena à cumuler sa profession de guide de haute montagne avec l’activité de pasteur de l’Eglise réformée.
J’aimais sa force de caractère et ses convictions, une force tranquille qui suscitait le respect. Engagé à GO 95, je n’oublie pas non plus son concours précieux dans la reconquête de Grenoble en 1995.
Je serai présent aux côtés de son épouse Simone et de ses proches pour lui rendre un dernier hommage, lundi à 15h au centre oecuménique St Marc.