J’ai reçu cette semaine à ma permanence le collectif CCFD Terre solidaire amené par Dominique NORMAND, afin d’échanger sur l’agriculture familiale, terme qui englobe toutes les activités agricoles reposant sur les familles. Elle fournit 80% de la production agricole alimentaire dans le monde.
Alors que l’ONU a proclamé l’année 2014 année internationale de l’agriculture familiale et qu’aura lieu le 15 novembre prochain à Grenoble le Forum de soutien à l’agriculture familiale dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale, le collectif a souhaité me faire part de plusieurs préoccupations : la participation de la France au processus de la Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition (NASAN) ainsi que le soutien apporté à l’agriculture familiale par l’Agence Française de Développement (AFD).
Sur NASAN, c’est la cohérence globale (équilibre familles – entreprises et équilibre intérêts publics – privés) de cette alliance d’inspiration libérale créée par le G8 en juin 2012, qui pose question. J’ai tenu à réaffirmer la nécessité de règles de gouvernance mondiale. Face aux grands déséquilibres mondiaux, la tentation d’une dérégulation anarchique des économies des pays les moins développés au profit de la croissance, comporte de grands risques sociaux et environnementaux et constitue une erreur sur le long terme. Imposer des critères sociaux et environnementaux nécessite une solidarité internationale au profit des pays les plus en difficultés et des mécanismes de compensation. De plus, les programmes alimentaires sont trop souvent conçus loin de leurs objectifs et de leurs populations cibles, ce qui engendre des échecs. Je plaide pour un rapprochement des ONG et des territoires, faisant la synthèse entre les objectifs généraux des programmes alimentaires et l’expérience de terrain en matière de développement.
En qualité de membre du conseil d’administration de l’AFD, j’ai tenu à rappeler l’engagement de l’Agence en faveur d’un modèle de production agricole moderne et innovant capable de répondre à trois grands défis du développement durable : nourrir la planète, créer des emplois décents et lutter contre les dégradations de l’environnement. En 2014, elle finance à hauteur de 400 millions d’euros 30 projets d’acteurs publics et de professionnels (développement des exploitations familiales agricoles autour de projets d’irrigation villageoise, de plantations paysannes, de gestion des risques agricoles, d’équipement et de sécurisation foncière). Ces projets doivent permettre l’amélioration de leurs revenus, la recherche d’une meilleure productivité et d’une meilleure valorisation de leurs produits, l’amélioration de leur statut et la préservation de leur environnement. Certains programmes ont déjà été couronnés de succès, à l’instar du programme initié en Guinée dit de la « success story d’une pomme de terre africaine ».
En vue de la Conférence Climat qui se tiendra à Paris en novembre 2015, CCFD Terre solidaire pose les bonnes questions : comment garantir la souveraineté alimentaire, en maintenant les emplois dans les zones rurales et en protégeant la nature ?…