Il y a quelques semaines, j’ai répondu à plusieurs questions pour la newsletter de la section Malherbe du Parti Socialiste, dont je suis membre.
Une interview que je vous invite à retrouver ci-dessous :
« Un instant avec Michel Destot »
Michel Destot, député de la 3ème circonscription de l’Isère, ancien maire de Grenoble et… membre de la section Malherbe répond à nos questions :
Dans votre livre « Ma passion pour Grenoble », vous évoquez votre attachement à Grenoble et à ses habitants, quels sont les moments forts qui ont marqué vos mandats de Maire ?
Cette passion pour Grenoble est un peu celle des convertis. Elle est souvent plus forte, plus enthousiaste que celle de ceux qui n’ont connu depuis leur naissance que cet environnement exceptionnel.
Parisien, c’est la montagne qui m’a fait choisir Grenoble plutôt que Saclay en Ile-de-France pour la fin de mes études en physique nucléaire.
Devenu maire en 1995, j’ai dû abandonner toutes mes activités professionnelles pour me consacrer pleinement à mes nouvelles fonctions à la tête de la ville de Grenoble. Je l’ai fait en m’engageant totalement, avec mes équipes municipales, au service des Grenoblois sur la base d’une politique progressiste visant la réduction des inégalités et l’ouverture de la Ville au monde. De très nombreux projets ont été mis en œuvre dès le démarrage (politique de la ville, construction de logements, grands équipements sociaux, éducatifs, culturels et sportifs, pôle scientifique et technologique, éco-quartiers…).
Les moments de plus grande émotion? Peut-être la découverte de la superbe salle de concert de la MC2, l’arrivée des premiers élèves à la cité scolaire internationale, la montée du GF 38 en ligue 1 après des décennies de traversée du désert…et puis ces rencontres plus personnalisées avec les personnes âgées à l’occasion de l’anniversaire d’un centenaire, avec les enfants à la rentrée scolaire, avec les familles lors d’animations de quartier ou l’été au parc Paul Mistral…
Des moments plus dramatiques qui m’ont durablement éprouvé: la mort des enfants et de leur monitrice emportés par le Drac, celle des pèlerins polonais de la Salette victimes de leur car devenu fou dans la descente de Laffray, les émeutes urbaines de la Villeneuve à l’été 2010…
Mais au total, cette passion pour Grenoble a été portée par un attachement singulier pour ses habitants qui m’ont accompagné sans relâche pendant 19 ans pour faire de cette ville une métropole, jusque-là enviée, du 21ème siècle.
C’est Edith Piaf qui disait: « L’amour ne s’explique pas. C’est une chose comme ça, qui vient on ne sait d’où et vous prend tout à coup. »
N’est-ce pas, au fond, la meilleure définition de ma passion pour Grenoble et ses habitants?
Que représente pour vous le quartier Malherbe ?
J’ai appris à aimer tous les quartiers de Grenoble. Je me suis rendu très souvent dans les quartiers populaires où j’ai noué souvent des relations très fortes avec leurs habitants. J’aime me retrouver dans le centre-ville le soir avec des amis. Mais il y a un quartier plus égal que les autres dans mon cœur. C’est Malherbe où j’habite avec ma femme depuis notre arrivée à Grenoble.
C’est un petit quartier, né à l’époque des Jeux Olympiques de 1968 où avait été installé le centre de presse, qui a trouvé son équilibre au cours du temps, mêlant familles et générations, équipements scolaires, sociaux et commerciaux. Il abrite la maison de la culture, devenue MC2, ainsi que le Conservatoire à Rayonnement Régional.
Nous sommes restés fidèles à Malherbe. Nos enfants y ont fréquenté les écoles maternelles et élémentaires, la bibliothèque de quartier. Les garçons ont joué au volley au gymnase Malherbe. Marie y tient son atelier de haute couture.
Et puis, comme je m’y étais engagé, tout au long de mes mandats de maire, de député et de conseiller général, j’ai pu ainsi habiter au cœur de ma ville, de ma circonscription et de mon canton.
En tant que député, quel bilan, pouvez-vous tirer de cette session parlementaire écoulée ?
Beaucoup de textes ont été abordés et adoptés pendant la dernière session parlementaire prolongée en juillet par une session extraordinaire: la loi Macron pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, la loi relative au dialogue social et à l’emploi, la loi relative à la réforme territoriale,…
Ce sont des lois importantes mais comme souvent ces textes que les ministres et responsables parlementaires souhaitent exhaustifs sont victimes de procédures longues et de rédactions complexes. Les médias rapportent le plus souvent les passages les plus polémiques, sans toujours chercher à valoriser les points essentiels et les principaux objectifs poursuivis.
Et il faut encore s’assurer que les projets de loi adoptés ne soient pas remis en cause par le Conseil Constitutionnel et que les décrets d’application ne tardent pas trop à sortir. Autant dire que nous sommes rarement en la matière au rendez-vous de l’efficacité et de la compréhension par le plus grand nombre!
Vous avez remis votre rapport parlementaire à Manuel Valls, Premier Ministre, concernant le financement du Lyon-Turin, pourriez-vous nous préciser les grandes lignes ?
Avec Michel Bouvard, sénateur de la Savoie, nous avons remis au Premier Ministre le rapport de la mission parlementaire qu’il nous avait confiée il y a 6 mois sur le financement de la partie française de la liaison ferroviaire Lyon-Turin, concernant le tunnel de base transfrontalier de 57 km.
Cette mission s’est déroulée de façon très constructive en liaison avec les ministres les plus concernés (Transports, Budget, Affaires européennes), les élus italiens, la Commission européenne, les transporteurs et les usagers.
Ce fut l’occasion de rappeler l’importance de ce projet pour la France, pour l’Italie et pour l’Europe:
– projet majeur en termes de report modal, de la route et des airs vers le rail, voyageurs et fret ;
– projet majeur en termes économiques. L’Italie est le 2ème partenaire économique européen de la France avec des échanges commerciaux annuels d’environ 70 milliards d’€ ;
– projet majeur pour l’Europe du Sud et de l’Ouest pour conforter notamment le corridor Séville – Budapest qui recoupe un ensemble d’échanges commerciaux de près de 200 milliards d€.
Pour le financement de cet ouvrage transfrontalier, l’Union Européenne s’est engagée à hauteur de 40% et l’Italie à 35%. Il revient à la France de financer 25% d’un total de 8,4 milliards d’€ (base 2012).
Nous avons proposé un financement mixte, pour une part sur crédits publics par l’AFITF et pour une autre part (qui peut-être majoritaire) par les recettes de l’Eurovignette (application aux Alpes du Nord et au littoral méditerranéen de la directive européenne permettant d’accroître jusqu’à 25% les péages sur les autoroutes alpines pour les poids lourds). Nous avons proposé une mise en œuvre progressive et mesurée (10 à 15 %) de l’augmentation des péages autoroutiers concernés pour en faciliter l’acceptabilité.
Au moment où la Suisse s’engage dans la construction de plusieurs tunnels (dont le Gothard) et l’Autriche avec l’Italie pour le Brenner, il est grand temps de ne plus perdre de temps à réaliser la liaison ferroviaire transfrontalière Lyon-Turin. Ce qu’ont compris le Premier Ministre et le Président de la République.
Avez-vous une lecture à recommander pour cet été à nos camarades ?
Ayant l’habitude de lire plusieurs livres à la fois, j’ai tendance à privilégier la diversité.
J’ai bien aimé les premiers romans de Justin Gakuto Go « Passent les heures » ou de Mikhaïl Elizarov « Les Ongles ».
Le prix Goncourt 2014 a couronné Lydie Salvayre pour « Pas pleurer ». C’était mérité.
Et puis, comment ne pas citer le dernier ouvrage de Reinhold Messner « Le sur-vivant », sorti chez Glénat ? Le plus grand alpiniste de notre temps qui a fêté ses 70 ans a joliment préfacé son livre d’une citation de Tchouang-tseu : « Les hommes connaissent tous l’utilité d’être utile, mais aucun ne connaît l’utilité d’être inutile ». Belle méditation pour nos journées d’été, n’est-ce pas ?