Le professeur Soutif fera toujours partie des visages emblématiques de notre ville.
Il est une des personnes qui m’a fait tant aimer Grenoble, qui a contribué à son rayonnement en même temps qu’il l’a incarnée avec une humble évidence.
Son parcours de vie est tout simplement exceptionnel : ses multiples engagements au plus haut niveau sont là pour le rappeler, notamment en tant que premier Président de ce qu’on appelait alors l’Université scientifique et médicale de Grenoble, et dans tant d’autres structures : la Société française de Physique, la Société de l’Energie Nucléaire, l’Alliance Université-Entreprise de Grenoble, l’Académie Delphinale…
Il a élevé le modèle universitaire grenoblois, l’ouvrant sur le monde tout en l’ancrant intelligemment dans son territoire. Comment ne pas voir, dans les récents et nombreux succès de l’Université Grenoble Alpes, l’héritage de ces engagements premiers ?
Il avait surtout cette incroyable capacité de présenter avec simplicité les choses les plus complexes. Je me rappelle avec émotion que j’ai pu bénéficier, alors étudiant en génie atomique, de ses cours de physique neutronique : il avait ce don et cette volonté de partager ses passions et ses intuitions, ne se bornant jamais aux simples sciences, élargissant sans cesse les horizons des savoirs.
Ouvert au monde et aux autres civilisations, c’était un ami sincère de l’Asie, un sinophile avéré, qui a présidé le Comité de jumelage Grenoble-Suzhou et dont on appréciait le point de vue sur la Chine qu’il décrivait avec passion mais toujours sans concession.
J’ai perdu un modèle. Grenoble perd un de ses pionniers qui a su mêler sa vie entière aux fondamentaux de la Science, aux valeurs de l’Humanité et à l’ouverture aux autres et au monde.
Mes pensées fidèles vont à sa famille et à ses proches.