La famille de la montagne est en deuil.
C’est avec une émotion intense que je viens d’apprendre le décès de René Desmaison. La disparition de cette grande figure de l’alpinisme français, qui était devenu mon ami, me remplit d’une immense tristesse.
Guide de haute montagne et précurseur du grand alpinisme hivernal, des Alpes aux Andes en passant par l’Himalaya, René Desmaison avait ouvert des voies exceptionnelles, qui resteront gravées dans la mémoire de tous les alpinistes.
Je n’oublie pas que c’est lui qui a éveillé chez moi très tôt la passion de la montagne: d’abord sur les rochers de Fontainebleau où scout de la région parisienne je me lançais sur les traces d’un grand ancien, puis plus tard dans le Massif du Mont-Blanc.
Comme beaucoup de jeunes de ma génération nous étions alors plein d’admiration pour celui qui brisait tous les tabous de la bienséance dans le milieu de la montagne et forçait le respect pour ses exploits qu’il savait déjà à l’époque parfaitement médiatiser.
Qui a oublié ces terribles 342 heures dans la face nord des Grandes Jorasses, et l’issue dramatique, avec la mort de son compagnon de cordée Serge Gousseault ?
Plus tard, m’étonnant qu’on puisse inaugurer de son vivant une place à son nom dans une commune des Hautes-Alpes, il m’avait répondu avec un peu de malice et beaucoup de justesse que le véritable exploit de sa vie était d’être encore de ce monde…
Portant Grenoble dans son cœur, il était souvent venu faire partager aux Grenoblois ses aventures. C’est ainsi qu’il avait participé au 40ème anniversaire de la disparition de Lionel Terray et aux Rencontres du Cinéma de Montagne.
Au nom de tous les Grenoblois, je veux rendre hommage à cet homme exceptionnel, hors du commun, talentueux et épris de liberté.
Avec Robert Paragot, il aura été mon parrain en montagne. Je ne l’oublierai jamais.