C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé, à l’Hôtel de Ville de Paris, la Conférence des villes, rencontre annuelle de l’AMGVF où se retrouvent près de mille élus et partenaires économiques et sociaux.
Une Table Ronde avait été organisée sur le rapport urbain-rural avec Olivier Dussopt, député-maire d’Annonay, Dominique Gros, maire de Metz, Caroline Cayeux, sénatrice, présidente de l’association des villes moyennes de France, Jacques Lévy, géographe, et moi-même, en tant que député et président d’honneur de l’AMGVF.
J’ai saisis l’occasion de cette tribune pour affirmer que la France était urbaine, comme tous les pays développés (plus de 50% des êtres humains vivent en ville aujourd’hui, ils étaient 30% en 1950, ils seront 70% en 2050).
Au-delà de la dimension géographique, il n’existe plus de ruralité au sens agraire du terme. La TV, Internet et la mobilité sont des données quasi-universelles sur le territoire français. Et il faut tordre le cou à l’idée tenace qu’il faudrait opposer les campagnes pauvres aux villes riches.
En 25 ans, la carte de la pauvreté de notre pays a profondément évolué, passant de façon médiane d’une personne âgée vivant en milieu rural à un jeune urbain de famille monoparentale et d’origine étrangère.
Alors, certes on peut rappeler que l’unité nationale de la France s’est faite en partie contre les villes (et notamment contre Paris depuis la Commune!).
Mais la réalité contemporaine, c’est de voir que les plus grands risques de délitement du sentiment national se trouvent désormais en péri-urbain, où vivent un tiers des Français (ceux qui fuient la ville « culturellement » parce-qu’ils en ont les moyens et ceux qui le font parce-qu’ils n’ont pas le choix!). D’où les phénomènes d’étalement, d’isolement et de relégation.
Interrogé sur la métropole, nouvelle entité créée par la loi de janvier 2014 et pour laquelle je me suis fortement engagé, j’ai tenu à souligner qu’on reste loin, sur le plan démographique, des mégapoles ou mégalopoles asiatiques, américaines ou africaines. On peut parler de taille humaine dans cette comparaison mondiale. Et si l’on veut bien envisager la future métropole à l’aune de l’aire urbaine, c’est la chance de prendre en compte le péri-urbain. De plus, grâce à l’élection au suffrage universel des exécutifs intercommunaux, on donnera aux futurs ensembles une dimension plus démocratique et plus cohérente (quand on sait qu’aujourd’hui, dans une agglomération, plus de 60% des habitants d’une commune travaillent dans une autre!).
J’ai conclu en rappelant que le sens de l’histoire du monde se confondait, dans ses progrès scientifiques, économiques, sociaux et humains avec l’histoire des villes. A l’heure où l’urgence est à la relance économique et sociale de notre pays, parions sur les villes (lieux des universités, de l’innovation et de l’intégration).
Et proclamons avec Abdou Diouf que « notre siècle sera le siècle des villes ou ne sera pas! »