Je suis consterné par le choix de la Ville de Grenoble de se retirer du protocole d’intention relatif à la ligne ferroviaire Lyon-Turin, acté par une délibération votée par la majorité municipale et le Front National lors du Conseil municipal du lundi 18 avril 2016.
Il convient de rappeler que ce projet est d’un intérêt majeur, tant en termes de report modal route-rail et de préservation de l’environnement, qu’en termes de retombées économiques. 70 milliards d’euros d’échanges commerciaux ont lieu chaque année entre la France et l’Italie qui est le deuxième client et le deuxième fournisseur de notre pays en Europe.
Si 90% du trafic se réalise par la route aujourd’hui, l’objectif du Lyon-Turin est clairement d’inverser la tendance. L’enjeu est donc aussi la baisse de manière substantielle des émissions de gaz à effet de serre. Ce projet écologique va en outre générer plusieurs milliers d’emplois.
Cette triste décision dénote une nouvelle fois la volonté de la municipalité d’accélérer l’isolement croissant et la perte d’attractivité de Grenoble. Elle se prend au moment historique de l’ouverture du chantier du tunnel de base transfrontalier et européen, près de 20 ans après l’inauguration du tunnel franco-britannique sous la Manche, contesté lui aussi en son temps, et dont le rôle majeur d’impulsion pour la France, le Royaume-Uni et la Belgique est aujourd’hui indiscutable. Et alors que dans le même temps, la Suisse ou l’Autriche, pays considérablement plus petits, n’ont pas hésité à se lancer dans des projets de tunnels de même importance (Saint-Gothard, Brenner…).
Même si le gain pour les voyageurs n’est pas l’essentiel, cette délibération envoie aussi un très mauvais signal quant à la perspective d’une liaison entre Paris et Grenoble à 2h30, indiscutablement bénéfique pour notre agglomération. Les travaux de la ligne Lyon-Turin vont en effet entraîner l’amélioration de cette ligne empruntée régulièrement par de nombreux Grenoblois.
En se désolidarisant des autres collectivités rhônalpines signataires et alors que le phénomène de saturation de la section Saint-Exupéry/Saint-André-le-Gaz est bien connu, la Ville de Grenoble opte pour l’étroitesse et le repli sur soi, prenant parti contre un projet majeur pour l’Europe entière, porteur de progrès environnementaux, sociaux et économiques incontestables.