Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine, dont la date anniversaire est le 27 janvier, j‘ai présenté ce matin à la presse à ma permanence de Député, le rapport parlementaire « S’éveiller résolument à la Chine » élaboré dans le cadre d’une mission d’information de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et portant sur les relations franco-chinoises. A cette occasion, je vous invite à decouvrir la tribune que j’ai co-signée avec Mme Elisabeth Guigou, Présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et Patrice Martin-Lalande, Président de la mission d’information
Il est temps pour la France de s’éveiller résolument à la Chine
Patrice MARTIN-LALANDE et Michel DESTOT, président et rapporteur de la mission d’information sur la Chine créée dans le cadre de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale présidée par Elisabeth GUIGOU, viennent de publier un rapport sur la place et le rôle de la France face à l’affirmation de la Chine.
La célébration du 50ème anniversaire de la reconnaissance de la République populaire de Chine par le Général de Gaulle donne le coup d’envoi d’une année entière de manifestations tendant à valoriser et consolider la diversité et la profondeur des relations entre nos deux pays. Alors qu’un nouvel élan a été impulsé au plus haut niveau de l’État en faveur d’un renforcement du partenariat stratégique et que la diplomatie économique a été érigée au rang de priorité, cet anniversaire constitue une opportunité à saisir pour manifester la vitalité des relations franco-chinoises et reformuler une relation équilibrée qui s’inscrive dans le long terme.
Cet anniversaire intervient à un moment clef pour nos deux pays. En Chine d’abord, afin de pérenniser la réussite du pays, l’équipe arrivée au pouvoir fin 2012 tente d’orchestrer la transformation du modèle économique chinois. Les défis à relever sont importants : faire de la consommation intérieure un moteur d’une croissance plus qualitative sans impacter la compétitivité ; favoriser un rééquilibrage entre l’économique, le social et l’environnemental ; et renforcer les piliers traditionnels que sont l’investissement et les exportations.
La Chine doit aussi faire face à des difficultés démographiques d’une part, entre vieillissement et masculinisation de la population, et à un déficit démocratique saillant d’autre part, dans un pays où les exactions et violations des droits de l’homme sont très régulièrement pointées du doigt.
En France, l’heure est à repenser un modèle de développement économique qui laisse apparaitre des faiblesses et ce, notamment à l’export. La France est considérée comme un partenaire majeur politiquement, une puissance de rang mondial, mais économiquement, elle apparaît trop faible et insuffisamment organisée.
Pour rénover la relation bilatérale, nous formulons quelques propositions.
Une nouvelle dynamique a été enclenchée par la visite du Président François Hollande en mai 2013. Nous préconisons de fait le maintien sur le long terme d’une rencontre annuelle des deux chefs d’État, et l’existence d’un Représentant spécial. Il est aussi primordial de renforcer la concertation sur les enjeux globaux, et de soutenir la coopération décentralisée comme vecteur de rapprochement et enjeu de gouvernance, en organisant des rencontres franco-chinoises entre les villes et entre les régions.
Dans la perspective d’un rééquilibrage par le haut de la balance commerciale, il faut être sélectif, méthodique et offensif. Nous proposons de poursuivre la démarche d’organisation de l’offre française en filières sans exclure des secteurs en phase avec les évolutions de la Chine, comme le tourisme. Pour permettre aux PME françaises, qui n’ont souvent pas la taille critique nécessaire, d’accéder au marché chinois, nous proposons qu’elles soient positionnées sur une niche ou « embarquées » par des grands groupes, dont il revient de valoriser les initiatives. Il nous semble également nécessaire de désigner des interlocuteurs uniques par pools de PME et de promouvoir des solutions intégrées sur lesquelles la France est particulièrement en pointe, comme les éco-quartiers.
La France doit diffuser son image de marque, en l’associant à l’idée d’excellence et d’innovation : capitaliser sur l’atout culturel, véhiculer la marque France comme gage d’une extrême qualité, intensifier la coopération scientifique et technologique, mieux promouvoir ses capacités et réussites technologiques.
La France doit aussi, en accord avec sa stratégie et ses atouts, soutenir les initiatives européennes dirigées vers la Chine, à l’instar de la négociation d’un accord sino-européen sur les investissements ou des actions communes en faveur de la ville européenne durable.
Assurer la qualité et la densité des relations bilatérales dépend avant tout des liens que nos deux sociétés sauront construire en s’ouvrant l’une à l’autre, à tous les niveaux de la société : tourisme, enseignement, recherche, culture. L’accueil des investissements chinois en France, pourvoyeurs d’emplois, doit faire l’objet d’une attention particulière et d’une meilleure communication auprès de nos concitoyens.
L’année 2014 doit être un moment fort en célébrations et en retours sur les cinquante dernières années. Elle doit aussi marquer un nouveau souffle, une inscription de notre partenariat dans une durée longue, avec « constance et consistance ». La France doit s’éveiller à la Chine. Le cap semble fixé. Tenons-le donc !