J’ai récemment rappelé dans une tribune du Huffington Post cosignée avec Michel Bouvard, sénateur de la Savoie, l’importance que revêt le projet de la ligne Lyon-Turin. Au-delà d’assurer la liaison pour les marchandises et les voyageurs entre les deux métropoles et les principales villes de Rhône-Alpes et du Nord de l’Italie, cette ligne sera un véritable corridor au Sud de l’Europe, entre Ouest et Est, de Lisbonne à Budapest (qui correspond à 18% de la population et à 17% du PIB de l’Union Européenne).
Ce projet est en effet d’un intérêt majeur pour la France, pour l’Italie et pour l’Europe entière, tant en termes de report modal route-rail et de préservation de l’environnement, qu’en termes de retombées économiques. 70 milliards d’euros d’échanges commerciaux ont lieu chaque année entre la France et l’Italie qui est le deuxième client et le deuxième fournisseur de notre pays en Europe.
Si 90% du trafic se réalise par la route aujourd’hui, l’objectif est clairement d’inverser la tendance. L’enjeu est donc aussi la baisse de manière substantielle des émissions de gaz à effet de serre. Ce projet écologique va en outre générer plusieurs milliers d’emplois.
L’engagement d’une telle politique est particulièrement attendu par les élus locaux de toutes sensibilités mais aussi par les populations des vallées alpines de Maurienne et de l’Arve qui voient passer chaque année plus de 1,3 million de camions sous leurs fenêtres.
Pour rappel, le tunnel de base est financé à hauteur de 40% par l’Union européenne, 35% par l’Italie et 25% pour la France. Pour la partie française, une des principales sources de financement est celle de la mise en place d’une eurovignette, qui prendrait la forme d’une majoration du prix des péages pour les poids lourds, pour reprendre les conclusions de mon rapport commun avec Michel Bouvard, rendu en 2015 au Premier Ministre Manuel Valls.
L’engagement financier des collectivités territoriales n’interviendra que pour les accès au tunnel de base et de façon bien sûr partielle et donc limitée. Mais c’est un engagement politique et financier essentiel pris à plusieurs reprises depuis bientôt 15 ans par l’ensemble des grandes collectivités de Rhône-Alpes concernées par le projet.
Juste après le sommet franco-italien qui a eu lieu le 8 mars dernier, au cours duquel a été acté le lancement définitif de ce grand projet défendu depuis plusieurs quinquennats tant du côté français qu’italien, si les responsables actuels de la ville de Grenoble dénonçait l’engagement pris par ses prédécesseurs pour ce projet majeur de développement social, économique et environnemental, ce serait donner un bien nouveau mauvais signal d’isolement et de perte d’attractivité pour notre territoire.
Outre sa dimension régionale, nationale et européenne, cette ligne à grande vitesse, qui permettra un gain de temps considérable entre de nombreuses villes françaises et italiennes, sera aussi directement bénéfique à l’agglomération grenobloise. En effet, grâce à la réalisation prioritaire de la section entre St Exupéry et la combe de Savoie, puis le décrochage entre St André-le-Gaz et Grenoble et le shunt de Rives notamment, c’est la perspective d’une liaison entre Paris et Grenoble à 2h30 qui s’ouvre.
Progrès environnementaux, sociaux et économiques : ce chantier du Lyon-Turin se doit d’obtenir le soutien le plus large possible et sans faille de l’ensemble des collectivités de notre région !