Les sessions de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN constituent toujours l’occasion de s’interroger sur l’importance, l’utilité et la pertinence de cette organisation du monde occidental.
La visite à Paris le 2 mars dernier de M. Jens Stoltenberg, ancien Premier ministre norvégien et nouveau Secrétaire général de l’OTAN a été l’occasion de valoriser la vision française, équilibrée, des principaux défis auxquels l’Alliance est confrontée (Russie, Ukraine, Flanc Sud) comme notre approche réaliste des réponses que l’OTAN peut y apporter. M. Stoltenberg, qui a participé à la marche de Paris du 11 janvier suite aux attentats est pleinement conscient des contraintes nationales qui pèsent sur nous et des engagements opérationnels qui en découlent (bande sahélien-saharienne en particulier), dont il reconnaît volontiers qu’ils contribuent à la sécurité de l’Alliance.
Même si l’OTAN a perdu de son importance, notamment en matière d’intervention, les États-Unis n’ont pas perdu la main. Ils continuent de jouer un rôle majeur dans l‘organisation : premier contributeur (avec près de 7000 membres du personnels) à la mission « Resolute Support » et deuxième contributeur à la KFOR (715 personnels déployés), contributeur essentiel aux mesures de réassurance dans le cadre de la crise russo-ukrainienne…
Pour autant, face aux violations de cessez-le-feu en Ukraine, les alliés restent partagés sur les intentions de Moscou. Si pour le général Philip Breedlove, commandant suprême des forces de l’OTAN, la principale préoccupation reste « la Russie revancharde », l’opinion commune au sein de l’Alliance est que le dernier accord de Minsk à permis une certaine accalmie du conflit et que le cessez-le-feu tient tant bien que mal. À vrai dire, l’OTAN n’est pas aveugle dans la crise qui secoue l’Est de l’Ukraine, mais ses capacités sont très limitées et actuellement, aucune réforme au sein de l’OTAN n’a été entreprise quant au partage du renseignement ou de son analyse.
De même, l’OTAN, qui est une alliance militaire, a un rôle limité en matière de lutte contre le terrorisme. La France s’est d’ailleurs opposée à la militarisation de la réponse opérationnelle de l’OTAN au problème des combattants étrangers (ex : frappes de drones).
Est-ce une opportunité pour la création d’une armée européenne?
Le ballon d’essai de Jean-Claude Juncker sur une future armée européenne apparaît à beaucoup comme une chimère, une caricature même pour les Britanniques. Les Européens se sont déjà cassé les dents sur l’Union de l’Europe occidentale, la Communauté européenne de défense, les plans Fouchet, le trio germano-franco-britannique, le pilier européen dans l’Alliance atlantique…
Pourtant une armée européenne est bel et bien une nécessité. Il en va de la pertinence et de la crédibilité de l’Europe, refusant de s’en tenir au slogan de Mark Eyskens, ancien ministre belge des Affaires étrangères qui avait comparé l’Europe à « un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire ».
Les citoyens attendent cette Armée commune, creuset de la solidarité européenne et gage de sécurité et de crédibilité pour l’Europe dans le monde.