La Commission des Affaires Etrangères (CAE) de l’Assemblée Nationale a auditionné il y a quelques jours Fatiha Dazi-Heni, enseignante à l’IEP de Lille et chercheure à l’IRSEM, et Matthieu Rey, maître de conférence au Collège de France, sur le sujet des relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran.
Selon Fatiha Dazi-Heni, l’évolution de durcissement de l’Arabie Saoudite depuis l’arrivée du nouveau roi est liée à la fragilité du royaume saoudien dans son bras de fer avec l’Iran. Les Saoudiens considèrent que l’intervention des États-Unis en Irak a conduit à laisser ce pays entre les mains de l’Iran. Aujourd’hui, ils se sentent abandonnés, le dernier accord sur le nucléaire avec l’Iran en a rajouté une couche.
Un clan puissant s’est emparé de la réalité du pouvoir. Le tout sécuritaire devient la loi avec des décisions tranchées, très rapides, à l’instar des exécutions capitales de ce début d’année.
À l’extérieur, le royaume est plutôt en échec, comme l’illustre la situation au Yémen.
Au total, l’Arabie Saoudite est fragilisé sur trois points : la distanciation avec les Etats-Unis (d’où le rapprochement avec la France), les menaces terroristes salafistes djihadistes contre le royaume, et l’effondrement du prix du pétrole.
Selon Matthieu Rey, Iran et Arabie Saoudite s’appuient sur des stratégies de citadelles assiégées. De même avec l’Irak et la Syrie.
L’Irak a évolué vers le chiisme, avec une guerre des clans liés aux puissances étrangères.
L’Iran reste l’appui principal de Bachar al-Assad, avec depuis un certain temps, l’entrée en lice de la Russie.
Par ailleurs, les liens entre Syrie et Arabie Saoudite sont forts à travers les grandes familles. Et l’Etat saoudien a dû tenir compte de l’appui nécessaire de ces familles pour s’engager plus fortement dans le conflit syrien.