Audition importante du Dr. Mego Terzian, président de Médecins Sans Frontières sur la question d’Ebola, hier, devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
Il apparaît que l’on a sous-estimé le phénomène. Rappelons que le virus s’est d’abord transmis à l’Homme par la consommation de viande d’animaux infectés (majoritairement des animaux sauvages). Suite à cela, un simple contact avec des personnes malades ou des personnes décédées a suffi à transmettre le virus.
Médecins Sans Frontières et l’Organisation mondiale de la santé se sont vite retrouvées débordées dès le mois de juin.
La mobilisation de la communauté internationale n’a été observée qu’à partir de septembre. Un réel déploiement est intervenu à la mi-septembre avec la Croix Rouge française d’abord en Guinée. Puis les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays sont intervenus. L’adoption de la résolution 2177 du Conseil de Sécurité de l’ONU, appelant les Etats membres à intensifier leurs efforts et à mieux coordonner leurs actions en faveur des pays touchés, est venue intensifier la mobilisation.
Mais tout cela se fait lentement, avec un manque d’organisation opérationnelle sur place et MSF est un peu trop seule sur le terrain. Selon la présidente internationale de MSF, Dr. Joanne Liu lors de son allocution à l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 septembre : l’afflux d’aide promis peine à arriver, la panique s’est installée et les décès liés à d’autres maladies (comme le Paludisme) se sont multipliés parce que les systèmes de santé se sont effondrés.
A ce titre la fermeture des hôpitaux comme à Monrovia est dramatique selon le Dr. Mego Terzian.
L’intervention des militaires (comme l’ont décidé les USA) est bien adaptée à l’installation des centres d’isolement. Mais l’intervention humaine et médicale reste indispensable. L’indifférence et l’inaction sont des ennemis pires que le virus!
Il me semble important, suite à cela, de comprendre ce que révèle une telle épidémie comme l’a fait l’OMS par la voix de Margareth Chan, son Directeur Général. Il y a d’abord les dangers des inégalités sociales et économiques croissantes dans le monde qui ont permis à un virus si dangereux et confiné dans certains pays pauvres d’Afrique, de se développer. L’épidémie révèle, par là même, le manque de moyens alloués à la R&D alors que le virus est apparu il y a plus de 40 ans. Un système de santé dysfonctionnel à l’échelle planétaire, alors que nos sociétés sont de plus en plus interconnectées a pour conséquence de fragiliser la résilience des populations aux grands bouleversements (notamment climatiques). Enfin, les rumeurs et la panique se répandent plus vite que la maladie et les perturbations sociales et économiques engendrées bien au delà des zones d’épidémie coûtent cher. Ces problèmes globaux impliquent des solutions globales. Les Etats membres doivent y réfléchir de concert.