On m’a demandé d’ouvrir un débat public à Lyon sur les nouvelles innovations thérapeutiques en cancérologie, ce que j’ai accepté.
Après avoir salué experts et organisateurs (Bristol-Myers Squibb), j’ai tenu à souligner d’entrée que dans la recherche d’égalité d’accès de tous aux innovations de santé, la plus grande difficulté était peut-être, avant même la question financière, liée à l’information et à la compréhension par le grand public des politiques menées.
Le choix d’un débat sur la thématique du cancer était de ce point de vue judicieux, car c’est un enjeu sociétal majeur. En France, 3 millions de personnes ont ou ont eu un cancer. On assiste à 160.000 décès par an. C’est d’ailleurs la première cause de mortalité, au moins pour les hommes.
C’est aussi 10% des dépenses de l’assurance maladie (de 15 à 17 milliards d’€ par an), avec des disparités importantes sur tout le territoire national en fonction notamment des niveaux de prévention et de dépistage.
En matière thérapeutique, les choses ont bien avancé. Au-delà de la chirurgie, de la radiothérapie, de la chimiothérapie et des thérapies ciblées, des voies innovantes de traitement comme l’immunothérapie sont explorées.
Depuis 2003, une stratégie globale de lutte contre le cancer a été mise en œuvre nationalement. Le dernier plan cancer annoncé en 2014 par François Hollande fixe 4 priorités : guérir plus de malades, accorder plus de moyens à la recherche, améliorer la vie des malades pendant et après la maladie, réduire le nombre de cancers aux causes évitables (tabac, alcool, obésité, exposition solaire,..).
Mais il reste à faire l’essentiel : travailler ensemble sur toutes ces pistes en évitant le mal administratif traditionnel français du cloisonnement, et notamment entre formation, recherche, innovation, soins, services, valorisation industrielle en France et à l’étranger.
La santé est un enjeu majeur de nos sociétés. À bien des égards, la France excelle (nouvelles voies thérapeutiques, référence mondiale de nos CHU,…). Mais elle n’en tire pas toujours le meilleur profit en termes économiques, sociaux ou sociétaux faute d’une organisation et d’une lisibilité suffisantes.
Espérons, en tous cas, que la réforme territoriale – au profit des régions et des métropoles – permette de progresser en rapprochant les acteurs (praticiens, experts, chercheurs, industriels) des patients.