En 2011, la France a enregistré un déficit record de son commerce extérieur : 69.59 milliards d’euros ! Le Ministre s’est réjoui de pouvoir annoncer un déficit moins important que prévu, mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’il s’agit d’un bien triste record pour notre économie et d’un grave constat d’échec pour le gouvernement, le commerce extérieur étant en fait le vrai baromètre de notre économie.
Membre de la mission d’information parlementaire « Faiblesses et défis du commerce extérieur français », j’ai pu faire à de multiples reprises des propositions* pour améliorer notre capacité à exporter nos produits en insistant notamment sur le rôle des PME et ETI, ainsi que sur la nécessité de mener de vraies politiques d’innovation compétitive à la fois en France et en Europe.
Il faut d’abord améliorer la compétitivité de nos entreprises. Notre politique industrielle doit avoir pour principale ambition de développer le nombre et le volume de nos entreprises de taille intermédiaires (ETI). La France ne compte actuellement que 4 700 ETI, contre 16.000 en Allemagne, alors même que ces entreprises moyennes sont la principale source d’innovation, de compétitivité et d’emplois qualifiés.
L’amélioration de la compétitivité doit s’accompagner d’une réorganisation du financement des ETI et des PME. Pour se développer, une entreprise moyenne a besoin de capital. L’émission d’actions sans droit de vote souscrites par un établissement financier public spécialisé est une première piste à explorer. Un fonds national d’investissement en fonds propres dans les PME-ETI de 15 milliards d’euros devra également être mis en place en priorité
La gouvernance de notre politique industrielle et d’innovation mérite également d’être repensée. L’Etat doit se positionner en stratège et définir les orientations de politiques industrielles à travers la création d’un ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de l’Innovation et de l’Industrie (un Miti à la française du XXI e siècle).
Au-delà, il nous faut également décentraliser la politique d’innovation industrielle, comme le préconise François Hollande. La création de banques régionales d’investissement, de fonds de capital-risque régionaux et d’un livret industriel et d’innovation (sur le modèle du Livret A) faciliterait le financement des ETI-PME…
Enfin, le relais européen est indispensable. Il est urgent que l’Union se dote de politiques beaucoup plus actives sur le plan industriel comme environnemental. Des financements européens devront être apportés, avec l’aide de la banque européenne d’investissement (BEI), par une Agence européenne d’investissement, financée par l’émission d’eurobonds ou de « projectbonds » à hauteur de 1.000 milliards d’euros. Une structuration en une cinquantaine de pôles de compétitivité européens à vocation mondiale devra être mise en place.
*Michel Destot « ETI et PME : pour une innovation compétitive » (Fondation Jean Jaurès)