Mercredi, se tenait la plénière de clôture du Conseil National des Missions Locales (CNML) en présence de la Ministre du travail et de l’emploi Myriam El Khomri.
À l’invitation de son président, mon collègue député et ami Jean-Paul Dupré, je suis intervenu pour évoquer mon passage à la présidence du CNML de 1998 à 2002.
Ce fut donc pour moi l’occasion de revenir sur cette période où, succédant à Robert Galley qui avait été ministre du Général de Gaulle et compagnon de la libération, j’avais été nommé à la présidence du CNML par Lionel Jospin, alors Premier ministre, sur proposition de Martine Aubry, Hubert Peurichard étant à l’époque délégué interministériel à l’insertion professionnelle des jeunes.
Cette nomination s’était portée sur moi, peut-être du fait de l’amitié qui nous liait avec Martine, mais aussi vraisemblablement parce-que je venais de devenir maire de Grenoble, ville qui avait connu à sa tête Hubert Dubedout, président au début des années 80 d’une importante mission nationale sur le Développement Social des Quartiers et ami de Bertrand Schwartz, le père des Missions Locales.
La Mission Locale de Grenoble, créée en 1982, avait été l’une des 10 premières mises en œuvre en France.
Je me souviens de mes premières interventions nationales où j’avais à cœur de porter le réseau des Missions Locales aussi bien en termes d’insertion sociale que d’insertion économique, essayant de dépasser l’opposition qui s’était installée entre la gauche qui privilégiait la première dimension et la droite qui retenait surtout la deuxième.
J’en profitais aussi pour souligner la pertinence du niveau local, si l’on voulait notamment mettre les jeunes au cœur de cette politique, en relation directe et étroite avec les élus, les entreprises et les associations partenaires.
Je me souviens de ces quatre années de mobilisation intense qui avaient débouché notamment sur:
– l’acceptation d’une place pour le réseau dans les CPER;
– la mise en œuvre du programme TRACE qui avait été un véritable succès, concernant 150000 jeunes (puis 120000 dans un deuxième temps);
– la revalorisation des conseillers et agents des missions locales, avec la signature d’une convention collective nationale (résultat dont j’étais fier compte-tenu de l’âpre bataille qu’il avait fallu livrer);
– la reconnaissance des Missions Locales dans le dispositif national en matière d’emploi, avec la finalisation d’une convention nationale avec l’ANPE (Pôle Emploi de l’époque).
Quatre années qui m’ont beaucoup mobilisé, passionné.
Quatre années marquées aussi par des moments forts et émouvants, comme en 2002 pour les 20 ans des Missions Locales que nous avions fêtés à Grenoble, en présence, bien sûr, de Bertrand Schwartz.
Beaucoup de jeunes étaient présents autour du père des Missions Locales et du gâteau d’anniversaire, dans un moment extrêmement chaleureux, permettant de dire, sans trop forcer le trait que la plus belle victoire de cette politique, bâtie depuis 20 ans au prix de batailles incessantes, c’était l’appropriation de leurs destins par les jeunes eux-mêmes.
Avec l’alternance politique de 2002, Françoise de Veyrinas, pour qui j’avais estime et amitié, devait me succéder conformément au souhait que j’avais exprimé à François Fillon, alors Ministre de tutelle.
Depuis 2012, beaucoup de choses ont été faites. Et même des actes au-delà des paroles.
Je regrette cependant que l’on n’ait pas porté, au plus haut niveau, dès le début, un projet global dans le droit fil des engagements présidentiels sur la jeunesse et l’éducation. Avec la nécessaire mobilisation générale pour lutter contre le décrochage scolaire, fléau dramatique qui affecte chaque année des milliers et des milliers de jeunes. Avec la prise en charge des 16-18 ans ayant peu de bagages scolaires mais un réel potentiel. Avec l’arrivée de nouveaux métiers liés notamment à l’informatique. Avec les dynamiques nouvelles entre collectivités et entreprises liées aux nouveaux périmètres institutionnels (comme les métropoles). En fixant surtout des objectifs ambitieux et mobilisateurs comme 100% de qualification pour tous les jeunes, en diversifiant et aménageant de façon pragmatique, c’est-à-dire humaine, toutes les filières de formation.