La présence de notre fils Matthieu à Singapour est devenue le prétexte à un voyage annuel en Asie.
Cette année, 2 objectifs au programme: l’ascension du Kota Kinabalu en Malaisie (plus haut sommet de la région) et un déplacement à Hanoï.
Le Vietnam reste pour beaucoup de Français un pays particulier sur la carte du monde, celui de la période coloniale en Indochine (Vietnam, Laos et Cambodge) finie tragiquement à Dîen Bîen Phu où les troupes françaises ont été défaites par celles du Général Giap, redoutable stratège militaire et politique. Et puis, pour beaucoup de ma génération, ce fut le début du militantisme politique contre l’engagement militaire américain au Vietnam.
Personnellement, je me sens proche de ce pays aussi en raison des relations privilégiées que nous avons, Marie et moi, avec sa diaspora à Grenoble. En particulier avec notre ami Nhan Nguyen Khac qui ne manque jamais une occasion de valoriser son pays d’origine, à travers notamment des échanges universitaires et scientifiques de haut niveau.
Aujourd’hui, ce pays d’une superficie d’environ la moitié de celle de la France, est peuplé de bientôt 100 millions d’ habitants. Le Vietnam reconnaît 54 ethnies différentes, les Viêts représentant près de 90% de la population.
Avec ses 2 deltas, du fleuve rouge au Nord et du Mékong au Sud, on a pris l’habitude de parler d’un pays à 2 têtes (le Tonkin et la Cochinchine de l’époque coloniale).
Étant déjà personnellement passé à Ho Chi Minh-ville lors de précédents voyages, avec Marie nous avons cette fois jeté notre dévolu sur Hanoï et ses environs.
Capitale du Vietnam, Hanoï est considérée comme une des plus belles villes du Sud-Est asiatique, avec ses larges perspectives, ses 70 lacs, ses marchés et ses quartiers où dominent les activités artisanales.
Seule ombre au tableau, le déferlement des 2 roues motorisés, véritable plaie pour le piéton et l’environnement. Grâce à un déplacement en véhicule électrique, nous avons pu goûter au charme de la ville, du vieux quartier artisanal au quartier français, en passant par les musées de la littérature et d’ethnographie.
Et puis comment éviter un passage au mausolée de Ho Chi Minh (qui nous a valu une queue de plus de 2 heures sur près de 3kms au milieu de familles venant de tout le Vietnam à l’occasion de la fête nationale de la réunification)?
Hommage posthume à cette figure symbolique de la lutte d’un peuple contre la colonisation, pour l’indépendance et l’émergence du parti communiste vietnamien.
Le Nord Vietnam ne se réduit pourtant pas à Hanoï. On ne peut négliger l’importance stratégique du port de Haiphong pour le transport et l’exportation des minerais.
On ne peut méconnaître la beauté de la baie d’Ha Long où des pitons aux formes étranges sculptées par l’érosion, surgissant de l’eau, concourent à ces paysages fantastiques inscrits au patrimoine mondial. Et avec Marie, Matthieu et Sophie, nous n’avons pas dérogé à ce détour hautement touristique.
Il est difficile de rester indifférent à ce pays. Son histoire mouvementée et souvent éprouvante, face aux Japonais, aux Français et aux Américains, sa géographie « sensible » à côté du grand voisin chinois, la beauté de ses sites et sa cuisine raffinée confèrent au Vietnam une position singulière qui le rend attachant.
Si le parti communiste reste l’élément structurant de son organisation, essentiellement publique, l’économie vietnamienne avec une dette et une inflation qui la laissent vulnérable, profite cependant de ses ressources minières, pétrolières et agricoles abondantes.
Avec l’Inde et la Thaïlande, le Vietnam est sur le podium pour les exportations de riz dans le monde. Il vire dans le peloton de tête pour le café, les textiles et les accessoires téléphoniques.
Au plan international, s’il a perdu son allié soviétique, il a pacifié ses relations avec la Chine.
Il lui reste à libéraliser son régime pour donner à une population nombreuse et bien éduquée un avenir prometteur…