Louis Gallois était à Grenoble ce lundi pour visiter l’entreprise A.Raymond, et tenir une conférence dans le cadre du cercle de réflexion « Initiatives à Grenoble ».
Louis Gallois préside actuellement le conseil de surveillance de PSA. A. Raymond est un fournisseur de PSA. C’est une belle entreprise qui peut s’enorgueillir de ses 5000 employés, de sa forte croissance avec une très forte présence à l’international. Créée en 1865, elle fait partie du patrimoine grenoblois et a toujours su se développer en mettant la dimension humaine au cœur de ses préoccupations. Nous avons eu le plaisir de visiter le site grenoblois, cours Berriat, guidés par son PDG Antoine Raymond que je remercie sincèrement.
La suite du programme se déroulait à la Maison des Associations, où plus de 200 personnes s’étaient déplacées, dont beaucoup d’étudiants, de personnalités du monde économique, associatif et syndical, pour assister à la conférence « quelles réformes pour relancer la croissance et l’emploi » ?
Très pédagogue comme à son habitude, l’ancien Commissaire général aux investissements nous a présenté son analyse de la situation économique de la France et de l’Europe ainsi que ses préconisations, inscrites dans le rapport sur la compétitivité qu’il a remis au gouvernement en novembre 2012.
Qu’en retenir ? Tout d’abord que la faible croissance de notre économie alors que notre pays est en progression démographique, mène à la réduction de la richesse produite par habitant, à l’augmentation du déficit et de la dette.
Alors qu’auparavant l’inflation maintenait la dette à un niveau stable, l’absence d’inflation combinée à l’absence de croissance est une spirale dangereuse pour la stabilité de notre économie.
Quelles solutions ? La relance keynésienne ? L’élasticité de nos importations à la demande intérieure est beaucoup trop forte et nous manquons de marges de manœuvres budgétaires. Nos dépenses dépassent aujourd’hui de 20% nos recettes. Une réduction raisonnable de la dette publique est donc nécessaire.
Et il faut mettre notre appareil de production en état de répondre à la demande. Il s’agit dès lors d’améliorer la compétitivité de nos entreprises. Nous pouvons travailler sur les coûts de production mais pas au-delà d’un certain niveau et la solution se situe davantage dans la montée en gamme de nos produits en recherchant des produits sans équivalences via l’innovation, la qualité et la réputation. Cela nous permettra de répondre à la demande externe, de mieux gérer la demande interne et de maitriser le volume de nos importations. Il s’agit aussi d’accroitre les gains de productivité. Nous détenons moitié moins de robots dans nos industries françaises qu’en Allemagne!
Pour y parvenir nous devons relancer l’investissement. Le pacte de responsabilité qui apporte un effort considérable de 40 milliards d’euros aux entreprises va dans ce sens. Louis Gallois nuançait cependant ce propos lors des questions avec la salle, en expliquant qu’il avait opté dans son rapport pour une solution un peu différente de celle-ci, à savoir un allègement des charges sociales sur les salaires jusqu’à 3 fois et demi le SMIC, donc davantage sur l’industrie plus exposée à l’exportation. ?Il a ensuite soutenu deux réformes structurelles majeures à mener:
La première est la réforme des professions règlementées qui entretiennent des situations de rentes injustes et inefficaces économiquement. La difficulté de celle-ci est qu’elle se heurte à de nombreux corporatismes. La réforme du marché du travail ensuite avec le contrat unique.
Il a enfin ciblé 3 domaines à relancer en priorité parce qu’ils créent de l’activité : le pouvoir d’achat des plus pauvres, le logement dont le déficit est devenu dramatique et l’investissement sur les importations prioritaires pour équiper le pays ainsi que sur la construction.
Toutes ces mesures n’auront pourtant aucun sens sans croissance européenne. La déflation est un drame. Louis Gallois l’assure « nous avons besoin d’une Europe bien plus dynamique sur le plan économique ». Les 300 milliards d’euros consentis récemment comme plan de relance sont bien trop insuffisants pour 28 pays. Un budget conséquent et une monnaie plus faible sont nécessaires. L’Europe comme la France doivent se mobiliser pour l’investissement !
Je suis intervenu pour évoquer les aides aux entreprises. J’ai l’habitude de le dire, il y a entreprises et entreprises. Mettons-nous suffisamment en avant celles qui réussissent ? La réponse est non. De nombreuses questions ont suivi, sur la politique du logement notamment, devenue une véritable inquiétude à Grenoble, ou sur la décroissance qui pose nombre de questions légitimes mais dont les réponses sont souvent incomplètes voire injustes. Nous ne pouvons pas opposer l’écologie et le social, c’est une conviction que je partage !
Une rencontre particulièrement riche donc. Le prochain rendez-vous de notre cercle de réflexion aura lieu jeudi 4 décembre à 17h15 à la Maison des Associations, avec Jean Peyrelevade, ancien haut fonctionnaire puis président du Crédit Lyonnais et auteur du livre « Histoire d’une névrose, la France et son économie ». En espérant vous retrouver tous aussi nombreux !